■ Cela va faire du bruit dans Landerneau
L'expression Celà va faire du bruit dans Landerneau est passée dans le langage courant ; malheureusement la langue s'appauvrissant par des z'y va et autres onomatopées, elle se perd d'usage.
On peut bien se demander pourquoi - et à juste titre, cette bonne ville de Landerneau est-elle devenue pays d'une telle expression un peu acide.
Comme il est rares idiotismes dont la date de naissance est connue, profitons-en et explorons cette expression anecdotique...
Cette expression est passée dans le langage courant. Elle signifie qu'un fait anodin ou quelconque prend une ampleur considérable suite aux commérages et médisances réalisés par les commères, les bigots, bigotes et autres malfaisants qui hantent toujours nos communes, nos quartiers, nos villages, cachant souvent leurs vilenies derrière bonne apparence.
Si l'origine de nombreuses expressions se perd dans la nuit des temps, l'origine de ce bruit dans Landerneau est parfaitement connue et trouve naissance dans une pièce de théâtre d'Alexandre Duval intitulée Les Héritiers.
Elle fut jouée pour la première fois le 27 novembre 1796, à Paris.
Alexandre Duval est le pseudonyme d'Alexandre-Vincent Pineux né à Rennes le 6 avril 1767 et mort à Paris le 9 janvier 1842. Auteur dramatique, librettiste, membre de l'Académie française, il écrivit une trentaine de pièces à succès dont cette satire intitulée Les Héritiers.
C'est une phrase de La Bruyère - Ah! combien de testateurs se repentiraient de leur économie pendant leur vie, s'ils pouvaient voir après leur mort la figure de leurs héritiers ! - qui va donner l'idée de ce sujet à Alexandre Duval.
S'étant engagé à 14 ans pour la campagne des guerres d'Indépendance d'Amérique, il rappellera, par quelques traits, la terrible tempête que l'escadre sur laquelle il était embarqué essuya près des Maenioù du - Les pierres noires - au large de Brest ; dans Les Héritiers, elles seront appelées les Pierres Plates. Il fera aussi allusion à l'escarmouche ayant eu lieu avec les anglais juste après cette fameuse tempête.
Alexandre Duval écrira plus tard: Le public depuis vingt-cinq ans rit aux Héritiers ; j'ai trouvé plus sage de le laisser faire... J'étais si content de mon plan que j'écrivis la comédie en un jour.
Donné pour mort lors du naufrage de son bâtiment, Antoine Kerlébon, refait surface alors que les héritiers sont déjà à la curée...
Antoine MICHOT - 1765-1826 - est d'abord un acteur de boulevard avant de rentrer à la Comédie Française. Débutant au théâtre de L'ambigu-Comique en 1781, il sera engagé au théâtre des Variétés du Palais-Royal - 1785. C'est dans ce théâtre rebaptisé Théâtre-Français de la rue de Richelieu en 1789, qu'Antoine Michot y jouera Les Héritiers pour la première fois.
Cela fera du bruit dans Landerneau se retrouve scène XXIII°.
Sont présents Alain, Henri, Sophie, Jules, Antoine Kerlébon, Madame Kerlébon, Duperron, le nouveau riche. C'est le valet, Alain, un niais malveillant et médisant, indiscret et bavard, voyant et jugeant tout, les choses et les gens, et toujours par le mauvais côté qui fera cette sortie maintenant célèbre: Il y aura du bruit dans Landerneau.