Landerneau: Immatriculation et vieux gréements...
Landerneau a longtemps été un port très actif. Sa situation, au fond de l'Élorn, permettait aux navires et caboteurs en tout genre de venir au plus profond du territoire charger et décharger leurs marchandises. La qualité des toiles de Bretagne, leur renommée de par le monde occidental et le dynamisme commercial des bretons explique l'activité de ces ports maintenant assoupis.
Landerneau - 8,927 habitants - Superficie: 1,333 hectares - Revenus annuels de la commune: 77,586 francs.
Landerneau, chef-lieu du canton de ce nom, parait avoir été, dans l'origine, une station romaine placée sur le parcours d'une voie qui allait de Carhaix vers la pointe Saint-Mathieu. Des briques et des tuiles, en grande quantité, ont été extraites des champs qui l'environnent, et on y a trouvé un certain nombre de médailles des II° et III° siècles. Quoi qu'il en soit, il parait certain que cette ville doit son nom à saint Ernoc, qui y bâtit un monastère, en 660 ; elle devint, plus tard, le chef-lieu de la vicomté de Léon, qui avait 9 lieues de long sur 7 de large, se divisait en trois hautes-justices: Landerneau, Coat-Méal, Daoulas, et comptait six prévôtés et quatre-vingts paroisses. C'était la première baronnie de Bretagne ; elle fut érigée en principauté en 1572. Landerneau, qui n'eut jamais d'enceinte, ni de murailles, n'a joué, dans l'histoire, qu'un rôle très effacé, passant alternativement d'un parti à l'autre, ou plutôt étant rançonnée par tous; cette ville fut surprise et pillée en 1502, par La Fontenelle.
La ville de Landerneau, que l'Elorn divise en deux parties, et dont l'aspect est aussi animé que pittoresque, possède un collège communal. L'église paroissiale est une cure de l° classe. Reconstruite de nos jours, sur un autre emplacement, on a rétabli les parties curieuses de l'ancienne église, qui datait de 1580-1601. Une autre église, celle de Saint-Thomas, la plus ancienne de la ville, remonte au XVI° siècle, à l'exception du clocher, qui porte la date de 1607. A part ces deux églises, on ne peut citer comme monuments, que l'Hôtel-de-Ville, qui est de 1750, l'ancienne maison de la Sénéchaussée, bâtie par le vicomte de Rohan en 1510, et un moulin féodal du XVI° siècle, flanqué de contre-forts et construit au milieu du pont qui réunit les deux parties de la ville. L'ancien couvent des Ursulines, fondé au XVII° siècle, a été transformé en caserne pour les troupes de la Marine. Après la Révolution ; il a servi de dépôt pour les condamnés de la Commune, en 1871, et une maison centrale, de force et de correction, y a été définitivement créée en 1875. Cet établissement pénitentiaire renferme habituellement de 500 à 600 détenus.
Le couvent des Récollets, qui s'élève sur la rive gauche de l'Elorn, a été fondé en 1488. En face, sur la rive droite, se voient les ruines de la chapelle de Beuzil-Conogan, qui renferme le tombeau d'Olivier de la Palue, mort en 1513. Beuzit, jadis chef-lieu d'une paroisse, forma, en 1700, une commune, qui fut supprimée en l'an VII et réunie à Landerneau.
Le port de Landerneau, dont le mouvement maritime est relativement considérable, se trouve à l'embouchure de l'Elorn, dans un estuaire faisant suite à la rade de Brest, et qui a 13 kilomètres de longueur à partir de la pointe Sainte-Barbe, que l'on peut considérer comme étant la limite de la rade ; sa largeur, qui va sans cesse en diminuant jusqu'au port de Landerneau, où elle se réduit à 40 mètres environ, est à l'origine, et en certains points, de 1 kilomètre. Le port, que précède un chemin de halage de 1,300 mètres de longueur, est limité, à l'amont, par le pont de Landerneau ; il peut recevoir des navires de 4m50 de tirant d'eau ; les quais de la rive droite s'étendent sur une longueur de 650m 50 ; leur largeur varie de 10 à 20 mètres ; c'est sur cette rive que se font les opérations commerciales; les quais de la rive gauche, qui sont spécialement affectés au dépôt des engrais marins, ont une longueur de 365m 70. Sept cales facilitent les mouvements maritimes : quatre sont sur la rive droite et trois sur la rive gauche, où il existe des chantiers de construction. La rivière ne présente que peu de dangers.
Voici quels ont été, en 1885, les mouvements du port de Landerneau:
- Entrées : 200 navires, dont 2 au lest et 60 chargés, soit 62, venant de l'étranger, et 138, dont 66 au lest et 72 chargés, venant de divers ports français. Tonnage, 12,390 tonneaux. Équipages, 851 hommes. Les 60 navires susdits ont importé de l'étranger 13,160 tonneaux de denrées diverses ; les 72 autres ont importé 3,016 tonneaux de diverses marchandises provenant des ports de Dunkerque, Boulogne, Rouen, Honfleur, Pontrieux, Lannion, Mesquer, Le Croisic, Noirmoutier, Ars-en-Ré, Saint-Marlin-dc-Ré, La Rochelle et Bayonne.
Sorties: 210 navires, dont 67 allant à l'étranger, et sur lesquels 61 ont été expédiés au lest; les 6 autres ont exporté 307 tonneaux dé diverses marchandises ; quant aux 143 autres bâtiments, réduits à 90, car 41 ont été expédiés au lest, ils ont exporté 2,049 tonneaux de produits du pays à tlesli nation des ports de lion lieu r, Perros, L'Aberwrac'h, Le Conquet, Brest, Camarct, Douarnenez, Audierne, Ponl-1'Abbé, Croix, La Rochelle, Rochefort, Libourne, Bordeaux, Pauillac et Bayonne.
Landerneau, dont la population augmente de plus en plus, est le centre d'industries importantes, au premier rang desquelles figure la filature de Traou-Elorn, vaste établissement destiné spécialement à la fabrication des toiles en fil de lin et de jute. Il y a aussi une grande fabrique de bougies stéariques et une importante tannerie. Sur l'Elorn, en amont de la ville, sont établies d'importantes et nombreuses minoteries.
La gare, située au Nord de la ville, est commune au chemin de fer de Paris-Rennes à Brest (Ouest) et de Savenay à Landerneau (Orléans). Son mouvement annuel est représenté par 175,000 voyageurs et 22,000 tonnes de marchandises, tant en grande qu'en petite vitesse. Landerneau est, en outre, traversé par trois routes nationales, qui se croisent dans l'intérieur de la ville : la route nationale n° 12, de Paris à Brest; la route nationale n° 161, d'Angers à Brest, et la route nationale n° 170, de Quimper à Lesneven cl à la mer.
La Bretagne Maritime - Année 1889
