Une marchande d'étuis à cigarettes
Les agents ont mis en état d'arrestation une jeune femme qui avait trouvé un moyen très productif de gagner de l'argent... en pleurant.
Mise très simplement, avec coquetterie cependant, cette jeune femme abordait les messieurs assis devant la terrasse des grands cafés du boulevard et, la larme à l'oeil, racontait que sa mère était mourante, et que tout était vendu chez elle, sauf un étui à cigarettes dont elle ne pouvait se débarrasser, l'objet n'ayant pas de valeur.
Elle suppliait si bien et si langoureusement qu'on finissait toujours par lui donner un pièce de cinq francs en échange de l'étui, qui valait à peine cinquante centimes, et la jeune femme se retirait en appelant sur la tête de son bienfaiteur, toutes les bénédictions du ciel.
Les dupes étaient nombreuses car la jeune femme ne vivait, semble-t'il, que de cette industrie.
Cependant à force de courir les cafés, elle finit par s'adresser à un consommateur qui, connaissant déjà l'histoire de la mère mourante et de l'étui à cigarettes, n'hésita pas à faire arrêter l'impudente fille, malgré ses supplications et ses pleurs - véritables cette fois.
La perquisition, faite par le commisssaire de police au domicile de cette femme, a fait découvrir un lot d'étuis à cigarettes qui n'attendaient que le moment de jouer leur rôle.
LE GAULOIS - 17 mai 1882
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !