Les ruines du Château de Quinipily renferment, au-dessus d'une fontaine, une statue ; barbare échantillon de l'art antique. Les restes du château consistent en un corps de bâtiment défiguré habité par un fermier. En entrant dans la cour, on aperçoit, à droite, la statue, placée sur un édicule, au-dessus d'une cuve en granit qui entretient la verdeur d'une petite pelouse. Bien des systèmes ont été hasardés, bien des dissertations écrites sur cette figure bizarre. Tout ce que l'on peut affirmer, c'est qu'au hameau de la Garde, où elle s'élevait anciennement, cette statue portait le nom de Gwrac'h ar Gward - La sorcière de la Garde - et qu'elle y fut jusqu'au XVII° l'objet d'un culte grossier. On y apportait des offrandes, les malades allaient la toucher pour se guérir, les femmes relevant de couches se baignaient dans une vaste cuve posée à ses pieds ; enfin, les jeunes gens et jeunes filles qui désiraient se marier se permettaient, devant la déesse, certains actes réprehensibles. Transportée en 1696 avec son auge au château de Quinipily par les soins de Mr de Lannion, cette figure, haute de 2m ne traduit en aucune manière le culte lubrique dont elle a été l'objet ; on ne peut être plus modeste sans vêtements que cette Vénus hottentote. On ne sait s'il faut attribuer à Mr de Lannion, auteur des inscriptions en l'honeur de Vénus victiorieuse et de Jules César gravées sur le piédestal de la statue, les 3 lettre IIT (ou LIT pour ceux qui prétendent que le crochet de L a été cassé) inscrites sur la bandelette qui ceint le front. L'interprétation de ces 3 lettres à mis les archéologues aux abois et a donné lieu à des discussion très-vives et sans résultat.
Itinéraire Général de France - année 1881