■ Ces bons prussiens
Abbans-Dessus, 25 février - Un habitant d'Abbans-Dessus nous fait un triste tableau des violences et des déprédations exercées par les Prussiens dans cette commune.
Abbans-Dessus a été occupé par l'ennemi le 23 janvier, après la prise de la gare de Byans. Les troupes françaises, en petit nombre, battaient en retraite dans la direction de Quingey. Un officier accablé de fatigue et dans l'impossibilité de suivre ses soldats fut recueilli par M. le curé d'Abbans-Dessus, qui le cacha dans le clocher. Mais les Prussiens, après s'être installés dans le village, s'étant mis à faire des perquisitions de toutes parts, ne tardèrent pas à découvrir l'officier ; ils le firent prisonnier sans le mal traiter. C'est contre le curé que se tourna leur vengeance : après l'avoir fait marcher à coups de crosse jusqu'à leur corps de garde et lui avoir, annoncé à plusieurs reprises qu'il serait fusillé, ils le jetèrent dans une pièce basse, où l'on étendit plus tard un peu de paille, et l'abandonnèrent là le reste de la nuit. La paroisse était dans la désolation.
Cependant plusieurs personnes de la commune et notamment le maire intervinrent près des chefs prussiens ; ils leur représentèrent qu'il y aurait cruauté à punir comme un criminel un prêtre à qui l'on ne pouvait reprocher que d'avoir donné asile à un compatriote malade et de n'avoir pas repoussé un malheureux qui implorait sa pitié.
Ces considérations finirent par toucher les officiers allemands et le curé fut mis en liberté le lendemain matin après avoir passé une nuit tout entière dans la position d'un condamné à mort.
Les lettres que nous recevons des pays occupés, par l'ennemi, principalement des environs de Paris, sont remplies de détails navrants. Plusieurs ,de nos départements sont littéralement mis au pillage. Après les autorités réquisitionnant pour le compte du gouvernement, ce sont les officiers qui pillent aujourd'hui pour leur propre compte, emballant tous les meubles et objets précieux pour les transporter en Allemagne ou les vendant à des marchands allemands. On nous assure même savoir qu'on s'est ému à Versailles de l'application trop générale de ce système, parce qu'on craint qu'il n'en résulte un relâchement dans la discipline de l'armée allemande.
LA PETITE PRESSE - 27 février 1871
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !