En 1914, c'est-à-dire dans quelques mois, seront retraités, parmi les généraux de division: les généraux Cremer, commandant le 1° corps; Pistor, commandant la division de Tunisie; Hélouis, gouverneur de Nice; Chômer, le brave Chômer lui-même, membre du Conseil supérieur de la guerre; Vautier, commandant le corps d'armée colonial; Galliéni, le massacreur malgache, membre du Conseil supérieur de la guerre; Duparge, inspecteur général des remontes; Pognard, Chapel, de Laigle de Carry, Dupommier, Laffon de Ladébat, etc., etc., tous commandants de corps, inspecteurs généraux ou membres du Conseil supérieur.
Tous ces bougres-là touchent donc à leur soixante-cinquième printemps.
Parmi les généraux de brigade, il y a les généraux Làbit, Peyrecave, Gougot, Sentis, Barrau, de Villaret, Dieudbnné, Daloz, Giraud, Fayolle, Le Gros, Delanne, Couillaud (oh! oh!), Guerrier (le bien nommé), Galopin (à cet âge), Colonna, etc., etc.. J'en passe des dizaines.
Ceux-là vont sur leurs soixante-deux ans. Est-ce que cette petite nomenclature ne vous laisse pas rêveur ?
Comment, ce sont ces vieillards usés par des années de garnison ou des campagnes coloniales qui dirigent notre vaillante armée, qui préparent la guerre et qui ont pour mission de reprendre l'Alsace-Lorraine.
Allez donc vous étonner, naïfs, si durant les grandes manoeuvres, on voit des généraux se tromper, perdre leur division, accumuler gaffes sur gaffes. Heureux si un Plagnol, sorte de cadavre ambulant, incapable de monter à cheval et passant la revue de ses troupes dans une auto, était capable de comprendre quoi que ce soit et d'exercer une autorité quelconque.
Si je ne m'abuse, il me semble que Napoléon et ses maréchaux étaient tout de même un peu plus jeunes et qu'ils n'avaient pas attendu l'âge du gâtisme pour montrer leurs qualités militaires. L'Armée meurt de vieillesse, l'Armée se meurt de ses badernes déliquescentes, rachitiques et cacochymes. On ne le dira jamais assez. Dès qu'un gâteux galonné disparaît et sombre dans la paralysie générale, aussitôt un autre candidat au gâtisme le remplace et voilà des années que dure ce petit jeu.
Que voulez-vous qu'on attende de tous ces pe tits vieux bien propres qui ne savent même plus commander. Certes, ils ont eu leurs qualités. Ils ont montré de l'énergie, de l'audace, de la clairvoyance. Ils ont eu leur vitalité. Mais, fourbus comne les aieux carcans, ils ne peuvent plus rien. Ga...ga... En avant... ga... marche! Ga... ga... Détournons-nous de ces ruines que le Baedeker ne mentionne même pas.
Et pendant ce temps, des officiers jeunes, vigoureux, ardents, munis des sciences modernes piétinent sur place, impuissants et esclaves. Ce sont ceux-là qu'il faudrait utiliser, mettre à la tête des régiments et des corps d'armée. On les y verra quand ils auront perdu toute flamme, toute force et toute intelligence. Il sera trop tard pour eux et pour nous.
Tant qu'on ne se décidera pas à une réforme totale des cadres; tant qu'on n'aura pas expédié toutes nos vieilles badernes dans des maisons de retraite pour les remplacer par des chefs capables d'action et de vigueur, il n'y aura rien à espérer de notre armée nationale, rien, sinon la sottise, la stupidité, la frousse... et, au bout, la boucherie.
Victor MÉRIC
AVANTI - 11 octobre 1913
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !