Sigoyer - 05: village alpin et paysages grandioses...
■ Ne piquez pas leur vin !
1793, La Terreur, de nombreux nobles émigrent. Leurs biens, terres et propriétés diverses sont vendues comme biens nationaux et de multiples citoyens aisés feront fortune grâce à ces biens ; cela ne sera pas le cas du Peuple car majoritairement, ces biens seront achetés à vils prix par la bourgeoisie et les financiers.
Les injustices de la jeune République nourrira longtemps la contre-révolution...
La Grande Révolution voit de nombreux nobles émigrer - ce qui nous fait utiliser actuellement le terme inadapté d'expatriés pour les français vivants hors de France alors que le mot juste serait émigrés - et leurs biens, terres et propriétés diverses, vendues comme biens nationaux.
De multiples citoyens purent faire fortune grâce à ces biens.
Ce ne fut pas le Peuple qui en bénéficia: majoritairement, ces biens furent achetés à vils prix par la bourgeoisie et les financiers. Les injustices de la jeune République promettant et vantant l'Égalité, mais n'imposant le départ à la guerre et les efforts qu'aux simples citoyens en exonérant les citoyens les plus aisés, provoqueront de multiples émeutes et troubles. Elles seront causes de rébellions dans la région et la France entière. Toutes les nouvelles communes des Hautes-Alpes seront touchées et Sigoyer n'échappa aux émeutes.
Depuis plusieurs mois, la situation était déjà tendue à Sigoyer: les habitants avaient été lésés et floués lors de la vente des biens nationalisés de la famille Gruel, nobles sigoyards, par Baudin, financier et bourgeois. Il avait usé de sa position et relations pour acheter les biens de l'émigré Gruel à vil prix.
Depuis quelque temps, les habitants de Sigoyer tentaient d'expulser Baudin des biens qu'il avait achetés. Apprenant que la récolte de vin a été vendue à un autre et qu'elles sont encore lésées, les femmes de Sigoyer se rebellent le 5 juin 1793. Au moment du transport, elles viennent à l'entrepôt, boivent une partie du vin et en enlèvent une grande part. François Bontoux, curé, âgé de 61 ans, s'interpose, le tocsin sonne.
Mal lui en prit car, à la nuit, les femmes de Sigoyer attaquent le presbytère et jettent des pierres dans la cave du brave curé, lui cassant ses bouteilles et dévastant sa cave. La colère féminine est si violente que, craignant pour sa vie, il en vint à se réfugier à Gap chez son évêque ; Gap où il restera définitivement. Quant aux tensions villageoises, tolérées si ce n'est soutenues par la mairie, et la République ne respectant pas ses devoirs, elles dureront encore bien longtemps et seule l'arrivée de Bonaparte calmera les troubles.
En 1794, François Bontoux, prêtre, se retire de sa fonction pour enseigner l'Histoire à l'école centrale de Gap. Il retrouvera une cure en 1803, date à laquelle il sera nommé curé d'Aspres-sur-Buech, sans doute avec souhait caché de ne pas voir sa cave dévastée par les femmes de cette commune...
