■ Les derniers ours
En 1875, il ne restait approximativement que 70 ours dans les Alpes françaises.
Victimes du déboisement, de la pression démographique, chassé et harcelé, l'ours disparaissait de nos massifs. Le dernier observé le sera en 1937 à Saint-Martin-en-Vercors et, en 1940, il semble ne rester que 2 ours vivants sur les massifs alpins français.
En 1875, le mardi 2 novembre, un ours est signalé à Revel, dans le massif de Belledonne. Six moutons sont morts et, immédiatement, on sonne l'alarme pour partir en chasse...
En 1875, il ne restait approximativement que 70 ours dans les Alpes françaises.
Victimes du déboisement, de la pression démographique, chassé et harcelé, l'ours disparaissait de nos massifs. Le dernier observé le sera en 1937 à Saint-Martin-en-Vercors, Maurienne ; le dernier ours officiellement vu l'étant 1940.
En 1975, un naturaliste signale avoir vu destraces d'ours dans le Chablais, Haute-Savoie. De même, des chasseurs signalent avoir aperçu une ourse et son petit dans le Queyras ; cette ourse venant peut-être du Trentin italien...
En novembre 1875, l'alarme fut donnée à Revel: un ours venu d'on ne sait où, et voisin dangereux, venait d'attaquer et dévorer six moutons ; bien sûr, l'animal avait choisi les moutons les plus beaux et les plus replets des plus beaux troupeaux présents à Rével.
En révolte, les habitants, immédiatement, se mirent en chasse et organisèrent une battue contre cet ursidé dévastateur.
Le jeudi matin, aux aurores, munis de leurs casseroles, bâtons à bouillie et autres objets pouvant servir de tambours, cimbales ou gongs, les bons habitants se mirent en branle et ratissèrent le territoire communal.
Pied Bot, surnom que les russes donnent à notre proche voisin qu'est l'ours, ne perdit pas raison et - peut-être pensant que les humains étaient fortement dérangés pour se promener en ligne à taper sur des casseroles, quitta la commune pour se réfugier dans le canton voisin. La tranquilité y étant encore assurée, il s'installa dans la forêt entre Saint-Jean-le-Vieux et La Combe-de-Lancey ; sa tranquilité ne fut que temporaire car le dernier ours du massif de Belledonne semble avoir été tué en 1880.
Les bergers, gens sérieux et n'exagérant jamais les réalités, affirmèrent que l'ours était d'une taille gigantesque, une taille qu'ils n'avaient jamais vu, incroyable, terrifainte, magique...
Une certitude reste néanmoins: l'ours devait être une belle bête car le nombre de moutons tués fut fort important !
De multiples causes provoqueront disparition de l'ours dans les Alpes ; ces causes sont identiques à celels des autres régions l'ayant vu s'éteindre.
Nous replaçant dans les conditions et mentalités de l'époque, nous remarquerons que l'ours est un conccurent de l'homme et, comme loups et ranards, considéré comme nuisible à l'activité humaine. L'ours, comme les loups, attaque les troupeaux et, parfois, peut croquer l'homme en complément - même si ce fait relève pour beaucoup de l'exagération. L'homme étant prédateur mais aussi proie, et en ayant conscience, a peur innée des autres prédateurs, aussi conccurents. Loups et ours perturbent la vie économique des villages montagnards que la pauvreté menace en permanence ; les ours, d'ailleurs déclarés nuisibles en 1844, verront battues annuelles dans multiples communes alpines ; ceci jusqu'en 1904. Voir disparaître ours et loups apportant sécurité et tranquilité aux habitants, il participent volontiers aux battues et chasses d'extermination.
Si la peur de l'ours joue, les modifications de son habitat va aussi jouer sur la survie des ursidés. Alors que les forêts de Belledonne étaient réserves de bois pour la marine, l'apparition du papier à base de bois remplaçant le papier à base de fibres textiles vers 1870, l'exploitation de la forêt s'intensifie et perturbe la vie de l'animal. La population augmentant, l'homme occupe aussi plus d'espace alpin, chassant l'ours par sa seule présence.
Nous voyons donc multiples causes à cette disparition.
Des projets de réintroduction semblent envisagés mais n'ont guère évolué à ce qu'il semble.