Kourilsky (Itouroup)

Légende locale

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■ L'ours et la jeune femme...

À Kourilsky (Itouroup) ou ailleurs, elle eut son heure de gloire et, lors des veillées, anima certainement les soirées.

Le conteur n'hésitait pas à se lancer dans des improvisations, il brodait, déformait, virevoletait au gré de son imagination pour créer un spectacle unique.

Assis près de la cheminée, jetant des herbes au feu, il faisait naître des flammes colorées et parfumées ; créant son et lumières d'antan, il y rajoutait les parfums.

Passant à Kourilsky (Itouroup), vous vous souviendrez peut-être de cette légende.

Kourilsky (Itouroup)

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  • FrançaisKourilsky (Itouroup)
  • Русский я.Курильский
    ( Russe )
  • Population6 874
    Gentilé
  • Superficie5 146,00 km²
  • Densité1.34 /km²
  • Latitude45° 14 '21" N°
    Longitude147° 53 '32" E°
  • Latitude45.239093°
    Longitude147.875506°

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Kourilsky (Itouroup): Jeunes à Itouroup en 1970

 ⌘ L'ours et la jeune fille

Autrefois,
Il y a bien longtemps,
En des temps anciens,
Les ours étaient très humains...


Leurs parents morts et se retrouvant orphelins, deux frères et leur sœur décidèrent de continuer à vivre ensemble pour surmonter les difficiles détresses que faisaient naître leur statut d'orphelins. Ils vivaient dans une charmante Чисэ - Tchissè, maison nivkhe construite suivant les règles de l'Art nées du Génie de leur Peuple. Le lieu avait été choisi avec précision par leurs parents et voyait la tchissè construite en bord de rivière et lisière de forêt sur l'île d'Itouroup, ou, peut-être ailleurs - les légendes sont éternelles compagnes du vent...

Les ans passèrent et nos trois enfants devinrent jeunes hommes et jeune femme.

Si les garçons étaient de solides chasseurs et, au besoin, de rudes guerriers, leur sœur était devenue une agréable jeune fille, superbe mais aussi personne d'agréable et subtil caractère.

Comme ils le faisaient régulièrement, les frères, armés de leur arc, partirent en chasse, espérant ramener un de ces cervidés habitant les forêts d'Itouroup. Fins chasseurs, suivant les pistes comme nul chasseur ne sait le faire, ils ne tardèrent pas à tuer un beau sika, aussi connu sous le nom latin de Cervus nippon. Fort éloignés de leur demeure, ils mirent plusieurs heures à rentrer à la maison.

Ses frères absents, la jeune fille était partie collecter fruits et baies comme elle le faisait communément.


Jeune fille aïnoue - année 1947
À son habitude, elle prit donc panier et peigne à baies sauvages puis s'en alla vers ses zones de collecte en chantant de cette douce voix dont l'avait gratifiée généreuse Nature.

Si les forêts d'Itouroup sont fréquentées par les jeunes filles, elles sont aussi fréquentées par Pied-Bot, surnom donné à l'ours.

L'un d'entre eux passa pas très loin de la jeune fille et s'en approcha, charmé par sa voix.

Il s'assit, comme au concert, puis, envoûté par la beauté, resta écouter ces chansons aïnous qui touchaient aux tréfonds de son âme d'ursidé.

Tombant follement amoureux de la jeune fille, il l'enleva malgré ses cris puis disparu dans la forêt...

Rentrant de leur chasse, les deux frères appelèrent leur sœur qui bien sûr ne répondit. Ils fouillèrent la maison, pensant que celle-ci leur jouait un tour en se dissimulant.
Personne...

Il cherchèrent dans le jardin et les buissons périphériques puis sur les lisières de la forêt.
Que nenni...

L'inquiétude les submergea soudain et ils partirent à sa recherche dans la forêt proche, pensant qu'elle avait eu accident ou s'était blessée.
Ils ne trouvèrent âme qui vive...

S'enfonçant dans la forêt, ils découvrirent soudain une grosse trace de patte d'ours profondément marquée et, à son côté, une délicate empreinte de pied correspondant à celle de leur sœur. Les deux frères furent brutalement écrasés d'une immense tristesse et terrible chagrin : leur sœur chérie avait été dévorée par Pied-Bot !

Il se jurèrent alors de la venger et de tuer ce vilain Pied-Bot.

Éreintés de leurs recherches, il se résolurent à prendre un repos à la tchissè puis se lancer à la recherche de l'ours le lendemain, aux aurores...


Maison aïnoue
source: Musée régional de Sakhaline
L'aube pointant, nos deux frères, encore les larmes aux yeux, choisirent leurs arcs les plus puissant et leurs flèches les plus acérées. Ils prirent quelques provisions, un peu de poisson séché et quelques viandes puis se mirent en chemin, pistant Pied-Bot avec toute l'énergie de ceux qui veulent se venger.

Ils cherchèrent longtemps, ils pistèrent férocement, ils fouillèrent méticuleusement ; ils ne trouvaient rien et étaient incapables de retrouver la piste de cet ours sanguinaire. Plusieurs jours et semaines passèrent...

Ils s'enfonçaient toujours plus profondément dans la forêt, vers des lieux inconnus, découvrant des cascades immenses, des eaux claires, des arbres aux cîmes invisibles. Ils traversèrent les brumes et les brouillards, affrontèrent les vents et le froid mais ne faiblirent pas...

Leur quête les mena enfin à une tchissè au détour d'une clairière mystérieuse.

Un cri de surprise s'échappa de leur gorge: ils apercevaient leur sœur chérie assise et radieuse devant la porte de cette tchissè mystérieuse ; Pied-Bot, épris de leur sœur avait forme humaine et était assis à ses côtés, follement amoureux et rayonnant lui aussi de bonheur...

Dévorés par leur haine et leur jalousie, ayant compris que leur sœur avait trouvé le grand Amour, ils décochèrent chacun une flèche dans le cœur de Pied-Bot devenu homme.

Il mourut sur le coup !...

Poussant un cri immense, leur sœur devenue femme s'évanouit ; ils la ramenèrent vers leur tchissè inconsciente.

Ayant perdu tout envie de vivre, elle s'y laissa mourir de chagrin et d'épuisement...

Depuis ces temps lointains et pour cette cause, les Nivkhes chassent les ours pour se venger de Pied-Bot, leur rival victorieux en Amour !