■ Famille sous terre
Réallon, 13 novembre - C'est dans la nuit du 11 au 12 courant, vers 1 heure du matin, que le hameau de Méans, commune de Réallon, canton de Savines, a été le théâtre de ce triste événement. Une avalanche de terrain reboisé a glissé faiblement d'abord, très rapidement ensuite, du haut de la montagne.
Quatre maisons existaient au bas de la montagne. On prévint en hàte les propriétaires de trois d'entre elles qui s'échappèrent à la course en criant: Sauve qui peut !
Le propriétaire de la quatrième maison, Marenthier Michel, dit Tuti, qui habitait là avec sa femme et huit enfants, n'entendit pas ou entendit trop tard les cris d'alarme de ses voisins. L'avalanche de terre arriva avec la rapidité de la foudre, projeta la maison à plus de 5O mètres, l'ensevelissant en entier. Des populations entières vinrent y travailler. Le père seul a été retiré, respirant encore. Le malheureux avait la tête et un bras hors de terre, quand on l'a extrait de cette terre détrempée, son état est presque désespéré.
Quant a la mère et aux huit enfants, ils sont morts, étouffés, asphyxiés ou écrasés sous cette avalanche.
Sept cadavres ont été retirés ; il manque encore ceux du fils ainé, âgé de 18 ans, et de la fille ainée, âgée de 10 ans.
LA CROIX - 18 novembre 1886
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !