Voici, par l'image, le récit de cette émouvante aventure :
Avec ses 63 habitants encore accrochés aux derniers murs d'ardoise épargnés par l'érosion et l'avalanche cyclique, Oulles-en-Oisans est l'un des plus déshérités parmi les quelques 150 villages qui meurent visités en cette fin d'année par les Secouristes de l'Isère, qui ont chargé sur leurs solides épaules un havresac transformé en hotte par la générosité des bienfaiteurs du département.
En tout cas, c'est bien le plus difficilement accessible. Car, non seulement Oulles ignore l'électricité, mais il est dépourvu de route d'accès. C'est le pays sans roues comme on l'a surnommé, auquel on n'accède que par un invraisemblable sentier délabré, taillé à même le schiste ardoisier,pourri, et sur lequel les mulets eux-mêmes ont depuis longtemps cessé d'aventurer le sabot le plus circonspect.
Oulles n'a plus aujourd'hui qu'un seul visiteur : le facteur ! Et encore, le brave fonctionnaire ne monte-t-il qu'une fois par semaine ! Cependant, notre photographe, qui accompagnait les secouristes dans leur expédition, a eu la chance de rencontrer le facteur au moment où celui-ci, rejoignant la caravane, franchissait l'un des plus impressionnants lacets du chemin, une sorte de vire artificielle construite par les habitants d'Oulles à l'aide de plaques d'ardoise au-dessus d'un à-pic de près de quatre cents mètres.
Aussi conçoit-on facilement que le Père Noël ait si longtemps oublié dans sa tournée les enfants d'Oulles-en-Oisans !
VIE ET BONTÉ - Février 1954
Un incendie dévaste Oulles-en-Oisans
Oulles, 6 novembre - Un incendie s'est déclaré le 20 septembre dans la grange attenant à une maison d'Oulles-en-Oisans, et la majeure partie du village, étroitement groupé sur un contrefort du Grand Galbert, fut détruite par les flammes, malgré les énergiques efforts des habitants : peu d'eau, pas de pompe. Ce sinistre atteint cruellement toute une série de braves familles montagnardes; il en ruine presque totalement plusieurs.
La première maison incendiée, dont il ne reste rien, fut celle de Mme veuve Girard, qui l'habitait avec deux de ses filles. Ces pauvres femmes ont perdu argent, effets et mobilier en totalité, plus la moitié de leur bétail. Les deux sœurs se sont dépensées avec le plus grand courage dans la lutte contre le fléau, non seulement pour leur maison, mais aussi pour le reste du village.
Chez la cadette, Mlle Julienne-Céphise, ce dévouement est digne d'éloges d'autant plus grands qu'au début de l'incendie, prise au milieu des flammes, elle avait eu des brûlures nombreuses, dont une particulièrement sérieuse à la main droite; ses vêtements ayant pris feu, elle n'avait dû la vie qu'à la prompte décision avec laquelle elle s'était jetée et roulée dans l'herbe.
Or, cette jeune fille, sur sa demande, elle donnait là déjà une preuve de son esprit d'initiative, a reçu en 1933 le Brevet de porteur du Club Alpin, brevet qu'elle est jusqu'ici seule de son sexe à posséder. À maintes reprises, elle fit montre de grandes qualités professionnelles et de caractère. Elle mérite particulièrement d'être aidée dans son malheur, à l'entrée du rude hiver oisannais.
La Section de l'Isère a remis immédiatement à la famille Girard un petit secours d'urgence; elle fait appel aussi à la générosité des membres du Club Alpin et les prie d'adresser leurs souscriptions à M. PIGNÈDE, trésorier de la Section, 3, boulevard Auguste Sembat, C/C postal 114-68 Lyon, en mentionnant Souscription GIRARD.
LA MONTAGNE - Novembre 1935
Pluies mortelles
Oulles, 28 juin - Un déplorable sinistre a en lieu hier, vers deux heures et demie du soir, au moment où les habitants se rendaient à l'église pour assister aux vêpres.
Deux trombes d'eau mêlées de grêle se sont abattues sur le terroir de la commune dont les ruisseaux se sont transformés durant quelques moments en torrents impétueux.
Trois bergers, conduisant dix vaches à 700 mètres du village, se trouvaient, dans un ruisseau lorsque tout à coup ils ont entendu un mugissement venant au-dessus d'eux; ils ont eu heureusement le temps de se mettre hors du danger, car une seconde après, trois de leurs vaches et un taureau, disparaissaient et étaient engloutis dans cet amas d'eau, de pierres et de terre.
Deux de ces vaches ont été entraînées à 300 mètres environ et jetées de côté par le courant ; le taureau et l'autre vache ont été entraînés au hameau de La Payât, éloigné d'Oulles de 4 kilomètres. Cet ouragan a traversé le territoire de la commune sur une largeur de 2 kilomètres, anéantissant sur son passage les blés, les foins et les plantes potagères.
Les pertes sont considérables. On remarque plusieurs éboulements qui ont causé de grands dégâts. Les chemins vicinaux d'Oulles au bourg d'Oisans et à Maleine ont été coupés en plusieurs endroits.
L'autre trombe, qui est tombée sur une autre partie de la montagne, n'a heureusement causé aucun accident fâcheux.
LE COURRIER DE L'ISÈRE - 4 juillet 1863
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !