◎ Terre mourante
Je regarde s'ouvrir les ailes de la brume ;
Le soleil au feu bas saigne sur le chemin,
Et, parmi la torpeur lente des toits qui fument,
L âpre mélancolie au soir donne la main.
C'est l'époque des nuits longues et des vents froids.
Voici la majesté des feuilles nonchalantes :
En son flambeau d'adieu la terre agonisante
Jette au dernier soleil le frisson d'or des bois.
Il passe, au ras du sol où tombent les corbeaux,
Je ne sais quel grand rêve aux ailes en détresse ;
La lugubre beauté des glas et des tombeaux.
Un train glisse au lointain sa flèche lumineuse,
Et la hâte du soir endort toute allégresse,
Et les champs, pris de peur, allument leurs veilleuses.
Charles Cinnat