■ Le choléra aux Omergues
Les Omergues, 20 août - Aux Omergues, la situation est très grave.
En trois jours sur une population de 650 habitants, il y a eu 34 morts, presque tous foudroyés.
M. Huet, préfet, s'est rendu dans ce village ; il l'a trouvé désert, les malades abandonnant, les cadavres gisant ça et là. Plusieurs cholériques greloiaient, sans couvertures, sans feu, ni médicaments. On a envoyé de Sisteron des secours de toutes natures et vingt cinq cercueils.
Au cimetière, on ne pouvait creuser qu'il un mètre dé profondeur ; M. le préfet des Basses-Alpes a acheté immédiatement un terrain pour procéder aux enterrements durant cette lugubre période.
Détail horrible : Deux fossoyeurs improvisés portaient au champ de repos deux prétendus morte. Arrivés prés de la tranchée, un des fossoyeurs crut s'apercevoir qu'un des cadavre remuait. Il dit a son compagnon : Si nous les frottions encore un peu ! Ils frottèrent et les moris revinrent à la vie et ils sont guéris.
Le curé, M. Augier, âgé de quatre-vingts ans, avec l'ancien notaire et quelques hommes courageux, ont organisé les secours.
Le secrétaire de l'évéque, qui est arrivé, est digne des plus grandes éloges. Ils s'entraident pour enteirer les morts.
Les Omergues est le seul village atteint des Basses-Alpes, sauf quelques cas isolés dans la vallée de Jabron.
LA MAHOUNA - 23 août 1884
■ Curé savoyard
Les Omergues, 8 décembre - Depuis de longs mois déjà, la commune des Omergues ne jouit plus de sa tranquillité habituelle grâce aux agissements et à la conduite de son desservant, le sieur Châtel, qui nous est arrivé de la Haute-Savoie, son pays natal sans qu'on ait jamais pu s'expliquer pourquoi ni comment.
Ce représentant de Dieu réussit à merveille, du haut de la chaire, à faire rire les uns et rougir les autres.
Les èpithètes de sauvages, de bohémiens, de bandits, de monstres à deux pattes, à l'adresse de ceux qui n'ont pas l'honneur d'être des siens, constituent le fond de ses meilleurs sermons.
Dans la rue, c'est bien autre chose.
Secondé admirablement par la fille Elisa, sa servante, il salit tous ses voisins. Il qualifie de truies toutes ses voisines.
Aussi la population indignée se demande pourquoi malgré de nombreuses plaintes, ce sale Savoyard ne reçoit pas son déplacement ?
LA CALOTTE - 12 décembre 1897
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !