Corté, 18 novembre - Le nommé Sinibladi Antoine-François, âgé de 60 ans, demeurant à Poggio-de-Venaco avait vendu il y a quelques années sa maison d'habitation à sa voisine Guglielmi Catherine, de la même comnune. L'argent provenant de cette vente, une fois dépensé, Sinibaldi n'avait plus aucun moyen d'existence. Après avoir erré quelque temps à travers le canton de Venaco, ce malheureux avait résolu de s'en aller à l'hospice des vieillards à Ajaccio, pour y terminer ses jours.
À cet effet, il s'est rendu dans son anciène habitation, a fait mettre dans une malle les quelques oripeaux qui lui restaient et a prié la dame Guglielmi de l'accompagner jusqu'à la gare. Lorsque celle-ci descendait l'escalier avec la malle sur la tête, Sinibaldi lui a donné, par derrière, un coup de couteau. La dame Guglielmi a été blessée dans la région moyenne du dos; son état est très grave. Cette malheureuse est mère de trois enfants; son mari est infirme.
Quand au meurtrier, il a été immédiatement arrêté. Lorsqu'il a été appréhendé par la gendarmerie, il avait tenté de se suicider. Il regrette, parait-il, l'acte qu'il a commis et prétend avoir agi ainsi pour aller en prison et se procurer du pain.
LE CORSE DE MARSEILLE - 20 novembre 1898⌘ Presse ancienne
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !