⌘ Pillons le château !
Roscoff: Début XX°: Le train venait d'arriver
La
Grande Révolution française de 1789 ne fut pas ce bel et unanime enthousiasme chanté et glorifié par les républiques successives. Cette période vit bien des troubles naître dans toutes les Provinces de France. Moult citoyens, anciens sujets du Roi, leurs espoirs déçus, s'estimèrent lésés par la Révolution et ses belles promesses. Les griefs principaux, et cause de ces troubles, étaient liés aux biens nationaux accaparés et achetés à vils prix par la bourgeoisie et les financiers. Ces émeutes trouvaient aussi source dans les contributions qui devenaient lourdes.
Chorges n'échappa à cette vague de mécontentement et la commune vit de multiples remous la secouer.
Vers deux heures de l'après-midi, alors que la vente du mobilier et contenu du château allait se tenir, une foule se porta aux portes du château de
Chorges; il avait appartenu au Sieur Dreneuc et, cet homme ayant émigré, ses biens se trouvaient donc proposés à la vente comme bien national. Comme de multiples biens nationaux, la bourgeoisie et les financiers achetaient et s'accaparaient ces biens à vil prix, lésant la population de ce qu'elle attendait de la Révolution.
Énervée, chauffée à blanc, la foule commença à arracher les grilles des basses fenêtres ; faisant trembler les citoyens Mottet et Allard, membres du Directoire du district d'Embrun nommés pour la vente du mobilier de cette ex-demeure seigneuriale. Face à la tournure de l'affaire et voyant certainement les fourches agitées par nos braves caturiges, ces deux personnages firent immédiatement appel aux pandores d'Embrun, les appelant à venir prêter main forte aux commissaires du directoire; cette demande resta sans effet, les gendarmes préférant sans doute ne pas se mêler de ce genre d'histoire. Les autres moyens de dissuasion furent si efficaces que la population, énervée, se porta à l'intérieur du château avec véhémence. La victoire étant parfois dans la fuite, nos braves commissaires s'empressèrent de piquer des éperons pour rejoindre au plus vite la bonne et surtout bien sûre ville d'Embrun, laissant le château aux mains des Caturiges qui le pillèrent sans états d'âmes.
Le Directoire ne pouvait laisser pareil crime sans châtiment ; il s'empressa donc d'ordonner la dispersion des attroupements et la poursuite de ces scandaleux
dilapideurs qui saccageaient le grand logis du château, omettant bien de préciser que les membres de ce directoire et leurs amis, personnages sans peurs et sans reproches, étaient les principaux bénéficiaires de ces ventes de biens nationaux !
Il ne reste aucune trace visible du Château de Chorges, à l'exception du toponyme. Ce château a totalement disparu à partir de 1793 et ne figure plus sur le premier plan cadastral de 1817-1823.