Le Préfet de la Gironde
Bordeaux, 28 mai - Le nouveau préfet de la Gironde, M. de Tracy, a pris possession de son poste dans des conditions dont Bordeaux n'a point encore cessé de rire depuis deux soirs.
De crainte, assurément, d'une trop froide réception, le serviteur de l'ordre moral n'avait pas cru devoir prévenir de son arrivée son prédécesseur ni le secrétaire général ; il avait tout uniquement télégraphié au concierge de la préfecture de lui envoyer un fiacre à la gare !
On ne le dit point, mais il faut l'espérer pour la morale, on avait baissé les stores !
LA LANTERNE - 29 mai 1877
Injures
Bordeaux, 21 juin - Décidément les agents du gouvernement de combat traitent avec infiniment trop de sans-gêne les libertés individuelles.
On lit, en effet, dans La Gironde:
Hier matin, à sept heures et demie, M. Boutarel, commissaire aux délégations judiciaires, se présentait à l'hôpital Saint-Jean, escorté de deux agents. Il était porteur d'un mandat d'amener contre M. Félix Bompar, étudiant en médecine, Interne du service.
M. Bompar était accusé d'avoir écrit une lettre remplie d'injures grossières à l'adresse du maréchal, lettre signée de son nom, Félix Bompar.
M. Bompar, fort surpris de-cette accusation, protesta énergiquement de son innocence. Il fut néanmoins invité à suivre M. le commissaire. Un coupé était devant la porte ; il y prit place entre M. Boutarel et un agent, et la voiture se dirigea rapidement vers le palais de justice.
M. Bompar a été écroué au fort du Ha. Il y a passé cinq ou six heures. A deux heures de l'après-midi, on lui rendait sa liberté, après une confrontation d'écritures qui avait établi son innocence.
Était-il besoin de l'arrêter préalablement à toute enquête, pour en arriver à ce résultat ?
LA LANTERNE - 23 juin 1877
Empoisonnées par des gâteaux
Bordeaux, 18 avril - Après avoir fait un promenade en ville, Mlle Madeleine Fauré, 17 ans, demeurant 26, rue des Menuts, à Bordeaux, entrait avec sa mère dans une pâtisserie de la rue Sainte-Catherine où elles se faisaient servir une sorte de tarte préparée aux œufs.
Rentrées chez elles, Mme Fauré et sa fille se mettaient à table. Dès le commencement du repas, Mme Fauré ressentit dé violentes douleurs, puis elle s'évanouit.
À peine cette première malade était-elle au lit, que la jeune fille eut la même crise et les mêmes symptômes d'empoisonnement.
L'état de la mère, qui avait bu du thé pendant sa crise, s'est sensiblement amélioré quant à Mlle Madeleine Fauré, qui avait refusé de boire ce breuvage, elle a succombé après de cruelles souffrances.
LA CROIX - 20 avril 1906
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !