■ L'Abbaye de Malgouvert
Ouvrir une association, ou confrérie, n'était parfois guère chose facile et assemblée de moines ne pouvaient le faire librement.
Fin du XVI° siècle, Jacques-Clément Sancton et quelques compères décidèrent de fonder une Abbaye à la Bâtie-Vieille. N'y cherchez pas quelque lieu spirituel au sens classique du mot, il s'agit là d'une confrérie se chargeant de faire chevaucher l'âne aux maris battus ou cocus...
Ouvrir une association, ou confrérie, n'était parfois guère chose facile et assemblée de moines ne pouvaient le faire librement.
Fin du XVI° siècle, Jacques-Clément Sancton et quelques compères décidèrent de fonder une abbaye à la Bâtie-Vieille. N'y cherchez pas quelque qu'abbaye au sens classique du mot, il s'agit là d'une confrérie se chargeant de faire chevaucher l'âne aux maris battus ou cocus. À Lyon, plainte avait déja été déposée au début du siècle par Girardin Cathelan et Antoinette, sa femme, contre Louis Bas, abbé de l'abbaye, et ses compères qui avaient fait chevaucher l'âne au détriment du mari de ladite Antoinette, faisant passer ce brave homme de mari pour piètre bougre.
La création de ce genre d'abbaye à La Bâtie-Vieille ne pouvant que créer des problèmes, la justice royale, en la personne du procureur de Gap, attaqua Jacques-Clément Sancton, prétendument abbé de cette Abbaye de Malgouvert, et, par jugement du 8 janvier 1580, interdirent strictement aux dits compères de se réunir, sous quelque forme ou quelque nom que ce soit.
Les moines ne réagissant pas suffisamment rapidement et retournant devant la Justice, ce jugement fut confirmé le 20 octobre 1582. Il condamnait Jacques-Clément Sancton mais aussi ses compères: Louis Gaudemar et Pierre Meissonier aux dépens. Ce jugement du 20 octobre rappelait l'interdiction aux trois compères de se réunir sous quelque forme que ce soit et était signé par le bailli de l'époque, Bernard Olier.
Le jugement de l'Abbaye de Malgouvert de la Bâtie-Neuve, comme celui de Lyon antérieurement, ne condamneront les intéressés qu'aux dépens. Le jugement de Lyon est intéressant: il signale que chevaucher l'âne est une coutume remontant à la nuit des temps et, c'est de notoriété publique, que Girardin Cathelan est certainement battu par sa femme. Sans doute irrité par cette affaire, le tribunal de Lyon rappelle que chevaucher l'âne est une coutume louable, que les femmes doivent obéir à leurs maris et, que si les maris souffrent d'être gouvernés par leurs femmes, ils n'ont qu'à les envoyer paître à la verdure et que le temps de ce mois de mai doit être occupé aux ébats et aux passe-temps. Ils stipulent aussi qu'ils ne sont pas bons juges en cette matière... (sic).