Allaire

Légende locale

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■ Janet, ar Gannerez...

À Allaire ou ailleurs, elle eut son heure de gloire et, lors des veillées, anima certainement les soirées.

Le conteur n'hésitait pas à se lancer dans des improvisations, il brodait, déformait, virevoletait au gré de son imagination pour créer un spectacle unique.

Assis près de la cheminée, jetant des herbes au feu, il faisait naître des flammes colorées et parfumées ; créant son et lumières d'antan, il y rajoutait les parfums.

Passant à Allaire, vous vous souviendrez peut-être de cette légende.


Allaire

allaire

  • FrançaisAllaire
  • BrezhonegAlaer
    ( Breton )
  • Population3 854
    GentiléAllairiens
  • Superficie41,74 km²
  • Densité92.33 /km²
  • Latitude47° 38 '16" N°
    Longitude2° 10 '45" W°
  • Latitude47.637658°
    Longitude-2.162585°
  • Allaire135 pages


Rue Bric et Brac

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Allaire: Début XX°: l'église Saint-Gaudens

 ⌘ Janet ar Gannerez - Jeannette la lavandière

Autrefois...
Il y a bien longtemps...
Il y a bien des siècles...
Ou peut-être plus, ou peut-être moins...
Les habitants d'Allaire vivaient en paix et en harmonie avec leur monde...

Chacun vaquait alors à ses petites occupations en toute quiétude. La petite ville, une bourgade de paysans encadrés par quelques nobliaux plus proches du peuple que de ce Versailles dont ils n'avaient que faire, était pleine de vie.

En ces temps lointains, les gens travaillaient dur mais la vie était dure, pour tous, de la naissance à la mort...
Même l'Ankou - la mort - travaillait beaucoup et trempait souvent son linceul à remplir la charrette. Il était aussi bien des nobles du village, si souvent décriés par l'histoire officielle, qui mettaient la main à la pâte et, comme les autres, ils poussaient la charrue.

Allaire
Les lavandières

Certains habitants ont laissé leur empreinte dans la mémoire collective comme la Jeanne, dite Janet ar Gannerez - Jeannette la Lavandière - qui faisait les lessives pour tous ceux qui pouvaient lui payer le travail; en ces temps du passé où la machine à laver n'existait pas, les gens faisaient la lessive une fois l'an, aux beaux jours. La Janetez se trouvait alors avec une surcharge de travail effrayante. Surtout quand les plus aisés de la communes lui donnaient leur lessive le même jour en espérant la récupérer lavée, séchée et repassée le jour d'avant, comme certains le lui demandèrent parfois...

Toutes les époques ont vu l'humain se bomber le torse et chercher à se montrer, qui le plus beau, le plus musclé ou le plus fort mais surtout qui le plus riche...

La richesse se mesure maintenant à l'aune d'un gabarit de voiture ou aux dorures et titre d'un carte de crédit. À l'époque, la richesse se mesurait à la hauteur des piles de linge dans les armoires. Une belle pile de draps brodés faisait la fierté de la ménagère. De multiples habits faisaient la fierté de la maisonnnée.

Plus souvent vous changiez de chemise, plus vous étiez riche et, de là, proviendrait l'expression française - 'Changer d'avis comme de chemise...' N'avez-vous d'ailleurs jamais remarqué comme les grands et jamais très pauvres de ce monde changent d'avis rapidement ?... Hier, ennemis, ils s'invectivent et se calomnient puis, ayant changé de chemise, ils deviennent les meilleurs amis du monde et l'un devient ministre de l'autre. Ils affirmeront sans doute que c'est l'influence de la lessive ...

Estimer la richesse de son voisin était un jeu familier à beaucoup.
Sans doute penserez-vous que quelque jalousie était source de ces calculs mais ce n'est que médisance; ces braves gens ne travaillaient simplement que leur arithmétique, histoire de garder le cerveau frais et vif à point...
Pour certains, le calcul était simple: 366 chemises, c'est une par jour pendant 365 jours plus une de réserve, pour les années bissextiles, et un énorme bas de laine. 365 chemises donnait une par jour. Les années bissextiles, le bonhomme allait torse nu toute une journée mais gardait toujours un bon bas de laine...
Et ainsi de suite en diminuant le nombre de chemises sur les piles...
Dans la commune, personne n'était réllement dans la misère; tout le monde avait au moins deux chemises. Ils portaient une chemise du 1° janvier au 30 juin puis, le 1° juillet, la retournaient pour finir l'année. Ainsi le compte y étant, tout le monde était content; même les plus pauvres qui, grâce à ce saint calcul, pensaient qu'ils avaient deux chemises même si la chaussette qu'ils n'avaient pas était vide...

Les beaux jours approchant, Janet ar Ganerez se mettait hardiment au travail et maniait le battoir à grands coups. Cela se voyait aussi sur son mari dont la figure testait facilement la solidité de ces bois à battre le linge.

Tout aurait été pour le meilleur des mondes si, trop occupés à travailler comme la Janetez ou à profiter du bien vivre, les bons paroissiens de la commune d'Allaire n'avaient délaissé certains saints au bénéfice d'autres dont la célébrité était moins marquée...

Sous la poigne de fer de leur curé, les habitants ne délaissaient pas leurs devoirs religieux. Même la Janetez, qui aurait battu bien des hommes au bras de fer et préféré aller battre son linge que de traîner en procession, ne négligeait pas ses prières. Ne parlons pas de son mari qui filait doux devant le curé comme il filait doux devant sa femme...

Source: Mémoires de Famille - Christophe Le Bellec - Tous droits réservés