Aiti, 6 janvier - Tous les ans, à pareille époque, on constate, à la lecture des journaux, une avalanche de vols, de meurtres et d'assassinats, que chacun vous explique à sa manière. Les uns prétendent que les chaleurs d'août et de septembre ont une influence désastreuse sur les sadiques du crime; les autres — la politique ne perd jamais ses droits — affirment que la laïque et le Socialisme sont les causes indiscutables de cette augmentation de la criminalité.
En réalité — et ne répétez pas ce que je vais vous dire, car mes confrères ne me le pardonneraient pas — il n'y a pas plus de crimes à cette époque de l'année qu'à toute autre; nos apaches ne choisissent pas spécialement le mois d'août et le mois de septembre pour perpétrer leurs mauvais coups: ils volent et ils tuent en août comme en juin, en septembre comme en février, avec le même manque de scrupules, le même cynisme, si l'occasion leur en est offerte.
Seulement, en temps ordinaires, on relègue aux faits divers, dans un petit coin, le crime banal, tandis qu'à l'époque des vacances, lorsque nos élus font grève, on est obligé, pour intéresser le lecteur et vendre le journal, de mettre en première page, avec photographie et détails complets, l'assassinat de la femme galante du 12 de la rue de Montfose où le vol d'un figatelli à l'étalage d'une épicerie corse.
Si M. de la Palisse n'était mort, il vous expliquerait tout cela par cette simple remarque: Quand on est journaliste, c'est pour écrire !
AVANTI, Journal Politique Corse - 8 janvier 1913⌘ Presse ancienne
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !