Différents points ont été éclaircis
Abzac, 3 janvier - M. Jean-Baptiste Cazaux, le marchand de moutons disparu, comme on sait, dans d'étranges circonstances reste toujours introuvable.
Le mystère du Pont d'Abzac comme on dit dans le Libournais continue à passionner l'opinion. On ignore toujours si le disparu a été précipité dans la rivière l'Isle, mais la troisième journée d'investigations a vu la solution de trois problèmes d'intérêt plus ou moins grand :
1° - M. Jean-Baptiste Cazaux ne s'est pas rendu à Aydius dans sa famille;
2° - l'auto suspecte n'est plus suspecte : c'était un taxi qui transportait à Picampeau des gens revenant d'une noce;
3° - le certificat de vie de Mlle Mazet trouvé dans les vêtements de Cazaux a été apporté à Picampeau avec du bourrier venant de Bordeaux, destiné à fumer des champs.
La gendarmerie d'Accous, Basses-Pyrénées, mandatée par le parquet de Bordeaux a enquêté à Aydius et dans tout le canton. Elle a fait connaître le résultat de son enquête. Le moutonnier est introuvable. Mme Cazaux et ses deux filles ont pris le train pour Coùtràs, d'où elles gagneront Abzac et Picampeau.
On découvre une nouvelle lettre de Mme Cazaux
Les policiers, après un nouvel examen de la chambre de Cazaux, ont découvert une nouvelle lettre adressée d'Aydius par Mme Cazaux à son mari. En voici la substance :
« Je m'empresse de t'écrire pour t'envoyer les deux mille francs que tu m'as demandés. Ne te fais pas de mauvais sang. Si les affaires sont moins bonnes que l'an passé, si tu es en bonne santé, tout s'arrangera. »
C'était la réponse à une lettre du moutonnier demandant de l'argent pour acheter un wagon de luzerne et se plaignant du mauvais état de son troupeau. Or, cette luzerne a été achetée et payée par le père et le fils Cazaux de Lafiole. La déclaration de M. Cazaux fils est donc exacte lorsqu'il dit aux enquêteurs que son père ne devait plus posséder chez lui que 430 à 450 francs, car il avait effectué des paiements et n'avait pas encore touché l'argent d'une vente de moutons.
Si J.-B. Cazaux a été assassiné par un rôdeur sur la route et précipité dans l'Isle, le crime n'a rien rapporté à son auteur; mais, en l'état actuel de l'enquête, malgré le petit pas en avant qui a été fait, on ne peut bâtir aucune hypothèse : la découverte des vêtements dégouttant d'eau du moutonnier déroute les enquêteurs.
Suicide avec mise en scène ?
Crime crapuleux ?
Seule la découverte du corps et son examen par un médecin peut soulever un coin du voile.
LE PETIT JOURNAL - 4 janvier 1930
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !