Les règles bernardines étant très stricte et interdisant tout études profanes, les règles s'assouplieront rapidement, au grand dam de leurs supérieurs, des évêques, des chapitre généraux, des Papes et Rois de France. Malgré les pressions, les moines ne fléchiront pas et ne reviendront jamais à la stricte observance des règles de Saint Bernard.
Suite la Bulle Papale de 1235, l'Abbaye passa en commende. Nous connaissons le nom du premier abbé commenditaire, Crestin, dont la première décision sera de s'arroger les deux tiers du produit des droits, des fermages et des revenus des propriétés ; bien vite les moines s'en retrouveront dans la gêne. Finalement, en 1328, les moines se révolteront contre leur abbé.
En 1433, devant la décrépitude des lieux, l'abbé de Citeaux mande Antoine de Boniface, abbé de Silvacane de 1420 à 1433, comme administrateur au secours de l'Abbaye. Au cours de sa visite, réalisée du 1° au 13 novembre, le prélat ne peut que constater le délabrement des bâtiments claustraux et l'absence presque complète de religieux.
L'Histoire retiendra que l'abbé commenditaire - bien que l'on en retrouve trace, est un évêque écossais, titulaire du siège de Ross, qui fut pourvu par le pape en 1430 ; ceci affirmé par le Chanoine Albanès.
Le conflit s'éternisant les moines se rebellant régulièrement et les médiateurs n'arrivant pas à apaiser la situation, , une bulle papale d'Innocent VIII datée de 1485 dénouera cette situation tendue..
le Souverain Pontife accorda la consommation de viande les dimanches, mardis et jeudis. Il adoucit aussi les conditions du coucher et le vêtement. Nous retrouverons ces changements dans le Livre de l'Econome où l'on découvre que chaque religieux recevra quarante livres par trimestre à partir de ce moment. Le dortoir, commun, est aussi divisé en cellules et de nouvelles cellules sont construites sur la galerie du préau ; elles sont toutes meublées et le vestiaire bien garni.
La table aussi s'améliore et l'écuelle devient assiette en faïence, carafes et gobelets passant au verre blanc. Alors que la pitance était misérable, les moines obtiennent droit à viandes, volailles diverses, gibiers, poissons de mer ou rivière, fromages, pommes et poires de la montagne, oranges, melons et figues de Salernes, chataignes, pruneaux de Digne, raisins secs dit panses, légumes, aliquots blancs et noirs, navets, oignons de la Garde-Freiney, pois gourmands, betteraves et cyboulats...
Nous pouvons aussi noter la présence attestée du domestique de salle, du boulanger, d'un cuisinier avec garçon de cuisine, de jardiniers et d'un chasseur. De même, l'écurie voit présence de selles, d'une voiture, de mulets, d'une charrette et d'une cavalotte (?). Cerise sur le gâteau, le prieur, voyant cette époque râper le tabac au fur et mesure des besoins, recevait une râpe à tabac.