L'incorporation
Le 3 septembre 1914, René-Jean est incorporé au 161° RI à titre de 2° classe. Il n'est pas directement envoyé au front mais fera ses classes au sein de ce régiment. Pendant cette période, René-Jean va apprendre à marcher au pas, à se mettre au garde-à-vous, à saluer, à manipuler une arme, à tirer, démonter et remonter son arme, à crapahuter sur le terrain, etc...
Cette période est importante, elle permet au soldat d'acquérir des réflexes augmentant ses chances de survie sur le terrain.
Le 26 mai 1915, René-Jean est envoyé aux Armées et bascule au 154° RI, 5° Cie, engagé en Argonne depuis janvier.
Le 16 du mois, le 154° embarque en gare de Lens pour rejoindre Sérouville, Meuse, où il arrive le 17 mai à 8 heures du matin. Le 4 juin, le régiment monte en 1° ligne y remplacer le 155°. René-Jean voit ses premiers blessés ; ils sont neuf. Le 20 juin, le bataillon est engagé, le 26, les allemands prennent pied dans un saillant occupé par la 8° Cie, le combat dure toute la nuit. Le 30, le bombardement allemand est terrible. Obus de tous calibres et à gaz détruisent tous les abris, les tranchées, les boyaux, les communications. Le 1° juin, les mitrailleuses sont détruites avec leurs servants, quelques éléments restent, épars. La 1° ligne tient jusqu'à épuisement des munitions ou mise hors-combat et l'affrontement dure toute la journée.
Les premiers jours de guerre de René-Jean sont durs et la bleusaille, non habituée, trinque plus que les plus vieux. On a chargé à la baïonnette...
Fin septembre 1915 voit le 154° en Champagne, à 1km de Saint-Hilaire-le-Grand. Le 25 septembre, le 154° est en ligne. À 9h15, il attaque direction Saint-Souplet, sabre au clair pour le lieutenant-colonel Buisson. Le 2° bataillon atteint la 2° ligne allemande ; le 3° Bat voit Taute, son commandant tué, et est pris en enfilade par les mitrailleuses allemandes. le bilan est annoncé brillant: l'avancée extrême est de 1.800 m, il est fait 400 prisonniers.
Le 27, on remet cela. Le régiment est retiré et se repose jusqu'au 6 octobre, date le voyant remonter en ligne pour une action avortée pour brouillard.
René-Jean fera un très court passage au 155° qui, après avoir été au repos du 13 au 18 février 1916 et fait des travaux de 3° position vers Saint-Hilaire-au-Temple, est envoyé le 28 faire des travaux de 2° position vers La Baraque, entre les buttes de Souain et Tahure.
Le 7 mars 1916, le 155° est conduit en camions jusqu'à Lisle-en-Barrois puis rejoindra le hameau de Germonville pour y faire du transport de matériel et des travaux.
Alors que, le 13 mars 1916, le régiment doit monter en 2° position dans le secteur de Cumières, René-Jean déserte ; c'est la troisième fois, un fois de trop...
Son destin est maintenant tracé ; le peloton assuré.
Plusieurs soldats de la 7° Cie seront appelés à témoigner.
Ainsi Sylvain Savinas, du 155°, signalera que le condamné, qu'il a rencontré le dans la nuit du 26 au 27 avril, ne dit pas songer à déserter et promis de se racheter. Il le signale toujours à récriminer. Ainsi Henri Loviot rapportera que René-Jean Le Roux demande à son commandant d'aller en patrouille et le présente comme un bon gars.
D'un autre côté, multiples témoignages signalent René-Jean Le Roux comme très mauvais soldat, lâche, indiscipliné, n'ayant aucun désir de se réhabilité, profitant de tout pour se dérober à son devoir, même les plus simples, et laisse le souvenir d'un sujet mauvais, dangereux et dénué de qualités morales. Le lieutenant Bouan de la 5° Cie du 154° rappelle le mauvais souvenir laissé par René-Jean Le Roux qualifié d'indiscipliné et buveur. Puni pour ces motifs, il s'évada 2 fois des locaux disciplinaires et passa en Conseil de guerre pour ces motifs.
Ce 29 août 1916, à 7 heures, Auguste-Henri Patron, sergent, commis et greffier auprès du conseil de Guerre de la 77° Division se rend à Maricourt pour assister à l'exécution du soldat Le Roux, René-Jean, condamné à mort et ayant vu son pourvoi en Conseil de révision refusé.
Ce chaud matin d'août, Auguste Patron, arrivé sur le lieu d'exécution, lit le contenu du jugement à René-Jean. Des troupes en armes ont été rassemblées pour cette exécution, il y a aussi le Sous-lieutenant Beauchamps, commandant la 30° Compagnie du 7° ETEM, membre du Conseil de Guerre et désigné ce jour. Tous entendent le jugement et savent que la demande de grâce formulée par le déserteur a été refusée par le Président de la République.
Comme il est spécifié dans l'ordre secret N° 277 du 28 août 1916 signé par le Général de Cugnac, l'exécution sera réalisée par les chasseurs du 17° BCP qui fourniront un piquet formé par 1 adjudant, 4 sergents, 4 caporaux, 4 soldats ainsi qu'un soldat chargé de bander les yeux du condamné, et un autre soldat chargé du coup de grâce.
Comme il est dans le règlement, René-Jean est conduit en voiture jusqu'au point d'exécution. Une section de 50 hommes le prend alors en charge et le conduit au lieu d'exécution ; un service d'ordre a été organisé par le prévost du 17° BCP autour du lieu de l'exécution.
La lecture terminée, le piquet s'est approché ; René-Jean est dégradé, bandé et mis à genoux.
Un ordre.
En joue...
Feu !
René-Jean meurt sur le coup et constat de décès est réalisé par le médecin-major commis à cet effet.
Ainsi se termine la vie de René-Jean le Roux, 2° classe, 7° Compagnie, 155° RI