Dramatique suicide
Tours, 4 janvier - Cette nuit, Laurent, employé des chemins de fer de l'État, a assommé sa femme avec un coup-de-poing américain et lui a coupé la gorge avec un rasoir. Il s'est ensuite fait sauter la cervelle.
Laurent laisse trois enfants dont l'aîné à dix-ans et le plus jeune quatre ans.
LA CROIX - 6 janvier 1891
Le crime de Saint Symphorien
Tours, 21 mars - Ce soir, s'est terminée, après quatre longues et palpitantes, audiences devant la Cour d'Assises d'Indre-et-Loire, l'affaire mystérieuse de l'assassinat de Saint-Symphorien qui a pendant six mois passionné au suprême degré toute la Touraine.
Dans la soirée du 20 septembre dernier, une vieille rentière originale et intempérante, la veuve Coudray, âgée de soixante-quatre ans, était trouvée morte dans son vestibule, la gorge coupée, au milieu d'une mare de sang. Ouelques jours plus tard, on arrêtait une de ses voisines, la jeune Gilberte Girault, couturière, âgée de dix-huit ans, sur laquelle pesaient des charges particulièrement graves: vingt minutes avant l'heure où fut assassiné la veuve, on l'avait vu entrer ouvertement chez la vieille femme ; de plus, en perquisitionnant dans sa chambre, on saisit sa jupe et ses pantoufles tachées de sang ; enfin, les empreintes sanglantes laissées par le meurtrier inconnu chez sa victime correspondaient exactement à celles de ses pantoufles.
Depuis son arrestation, Gilbertre Girault n'a pas fait le moindre aveu. Elle reconnaît être entrée chez la veuve Coudray, mais elle prétend y avoir été remplacée par deux individus suspects et de de très mauvaise mine ; quant au sang découvert sur ses vêtements, elle avait eu ce jour-là, dit-elle, des vomissements abondants.
À l'audience, son attitude calme et tranquille ne s'est pas démentie un instant ; elle s'est défendue avec une intelligence et une volonté incroyables ; à aucun moment elle n'a eu de défailLance et, après ce duel de quatre jours avec l'accusation, elle reste une vivante et impénétrable énigme.
La Cour en robes, les jurés, les témoins, et l'accusée se sont transportés à Saint-Symphorien pour y procéder à la reconstitution du crime, mais cette visite collective n'a appporté aucun élément nouveau, non plus que les trente témoignages qui se sont succédés à la barre.
L'une des dernières dépositions a soulevé un incident.
Un plâtrier, M. Graton, a dit que le jour du crime, il a vu un individu habillé de gris qui faisait les cent pas devant la maison de la veuve Coudray de trois heures et demie à quatre heures et demie ; en outre, il a vu la victime à sa fenêtre du rez-de-chaussée vers 3 heures et quart, c'est-à-dire après le départ de Gilberte ; son patron, M, Cormier, qui se trouvait avec lui, a causé avec la veuve qui les a invités à boire un coup.
Cependant, M. Cormier, dont la comparution a été immédiatement requise a fait une déclaration réellement confuse ; il a dit d'abord qu'il n'avait pas parlé à la veuve Coudray ; puis a fini par dire que ses souvenirs ne sont pas très précis et qu'il ne se rappelle pas.
Le verdict sera rendu très tard dans la soirée.
L'ACTION FRANÇAISE - 21 mars 1908
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !