Le 3 août, à 4 h. 30, la place du Champ-de-Mars est pleine de monde. La majeure partie de la population est là, malgré l'heure matinale. Elle a tenu à saluer ses vaillants enfants avant leur départ pour la guerre : la grande guerre, car elle ne se fait pas d'illusion. Tous les mobilisés sont présents, chaussés de neuf, la musette gonflée de vivres par une main prévoyante.
À 5 heures précises, M. Paul P..., sergent-major artificier de réserve, en uniforme, prend place dans la première voiture et donne le signal du départ. Il tient haut et ferme un drapeau tricolore. Les mains se tendent une dernière fois, les têtes se découvrent. Le silence est impressionnant et l'émotion gagne tous les cœurs. Le départ s'effectue dans le plus grand ordre.