Suicide de la Duchesse d'Otrante
Paris 9°, 13 mars - Mme la duchesse d'Otrante s'est suicidée, mardi matin, à neuf heures, dans l'appartement qu'elle habitait chez sa sœur, Mme Max, rue Bleue à Paris. Âgée de quarante ans, la duchesse d'Otrante était la belle-fille de Foucher, duc d'Otrante et ministre de la police sous Napoléon I°. Elle avait, en effet, épousé, à peine âgée de vingt-huit ans, le fils de Foucher. Le nouveau marié avait soixante-douze ans. Un enfant naquit de cette union. Depuis longtemps déjà, surtout depuis la mort de son mari survenue il y a un an environ, la duchesse avait montré les signes évidents d'un dérangement cérébral, et avait manifesté l'intention de se donner la mort. Elle habitait alors Saint-Germain, et c'est à la suite de l'état de sa santé que sa sœur la prit chez elle, à Paris.
Il y a trois mois déjà, elle disparut subitement. La famille prévint la préfecture, et M. Mouquin, commissaire de police du quartier, dirigea des recherches qui virent retrouver la duchesse à Lagny. Elle avait tenté de se tuer en se jetant dans la Marne et avait été sauvée par des paysans, qui la recueillirent. Ramenée dans sa famille, la pauvre femme était depuis ce moment l'objet de la surveillance la plus vigilante. Cependant, il y a quelques jours, elle parvint à s'emparer, sans qu'on s'en apercut, d'un revolver placé dans une panoplie chez son neveu, ancien officier.
Hier, à neuf heures, un coup de feu retentissait dans son appartement. Accourus au bruit les domestiques enfoncèrent la porte et trouvèrent le corps de la duchesse étendu sur le sol et sans vie. Elle tenait encore a la main le revolver avec lequel elle s'était suicidée en se logeant dans l'oreille droite une balle qui avait pénétré jusqu'au cerveau. M. Mouquin, commissaire de police, prévenu, a procédé aux constatations légales.
LA PRESSE - 17 mars 1877
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
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