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Ablon - Presse passée
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■   Ablon: Presse passée

La presse du passé de la commune de Ablon est bonne source pour connaître Ablon

Ces coupures de presse voient faits-divers, larçins, crimes et violences ou simples cuites verbalisées d'une bonne nuit au violon avec nom, prénom et adresse en clair dans la presse.

À l'époque, les menus larçins pour notre époque voient enquête, et il nous est arrivé de découvrir que le commissaire fait une enquête pour un simple morceau de lard !

Crimes odieux et violences sont aussi légions. La violence était déja forte en ces temps reculés.

Ablon

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  • FrançaisAblon
  • Population1 200 hab.
    Gentiléablonnais
  • Superficie12,00 km²
  • Densité100 hab./km²
  • Latitude49° 24 '0" N°
    Longitude0° 18 '0" E°
  • Latitude49.400002°
    Longitude0.300000°


⌘ Ablon: Presse passée


■ Cinq ans de prison à l'incendiaire

Ablon, 20 avril - La Cour d'Assises du Calvados a consacré sa quatrième audience à juger un incendiaire de 17 ans, Auguste-Georges Drieu, né à Ablon le 2 août 1923.

Employé en qualité d'ouvrier agricole, l'inculpé, à deux reprises différentes, dans le courant des mois d'octobre et de novembre 1940, incendia volontairement des hangars ou bâtiments dépendant des fermes dans lesquelles il travaillait.

La première fois, ce fut le 16 octobre, vers 17 heures. Drieu se trouvait alors en train de botteler du foin sous un vaste hangar appartenant à M. Lazard, propriétaire à Ablon, au service duquel il était depuis environ un an. Profitant de ce qu'il travaillait seul, le jeune employé mit le feu a un tas de foin situé à 8 ou 10 métres de la porte d'entrée. Il sortit ensuite pour aller décharger des engrais.

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- permettez... C'est moi qui ai tué ce lièvre !
- Le gibier appartient au Peuple, c'est donc à moi de l'emporter !

Ce n'est que plusieurs instants après que l'incendie se révéla à l'extérieur, Ses progrès avalent été rapides et en dépit des efforts déployés pour le combattre, trois hangars furent complètement détruits. Trois hangars dont le principal mesurait 35 mètres sur 33 et comprenait une remise pour récoltes, deux entrepôts, six écuries et un vaste grenier, cependant que les deux autres, plus petits. avaient respectivement 14 mètres sur 14 et 8 mètres sur 6. Par bonheur, les bestiaux ainsi qu'une grande partie du matériel agricole rangés sous ces hangars purent être sauvés mais le surplus de ce matériel: 1.250 quintaux de fourrage. 230 quintaux de blé, 10 quintaux d'avoine, 10 tonnes d'engrais, 1 quintal d'orge, 15 quintaux de tourteaux, 1.300 quintaux de paille et des outils furent détruits. M. Lazard étant demeuré en zone non occupée, l'estimation du préjudice en son absence ne put être effectué mais les dommages étaient certainement considérables.

Alertée, la gendarmerie vint procéder à une enquête. Lorsque ce fut le tour de Drieu d'être interrogé, notre adolescent, froidement, assura qu'il n'était pas l'auteur de l'incendie.

Quelques jours après cet évènenement, par suite du manque de travail. Drieu était congédié et entrait au service d'un cultivateur d'Ablon. M. Piquet.

Les mêmes projets sinistres germérent de nouveau dans sa cervelle et, le 23 novembre, il décida d'incendier un bâtiment de la ferme louée par son patron et appartenant à M. Gibon. Couvert en chaume et construit en maçonnerie et colombage, ce bâtiment renfermait une cave, un pressoir et une remise surmontée d'un grenier.

Vers 19 heures, Drieu accomplissalt son criminel dessein et le feu mis à une botte de foin, il retourna à son travail.

L'Incendie détruisit entièrement la bâtisse et consuma tout ce qu'elle contenait sauf une voiture hippomobile et quelques outils qui purent être dégagés avant que la flamme ne les atteignit.

Le bilan de ce sinistre de solda par 10 quintaux de blé, 6 d'avoine, 50 resiéres de pommes, 400 bottes de foin, 1 hectolitre d'eau-de-vie, un fût contenant du lard, une bâche, 30 toiles à brasser, 6 stères de bois. 50 fagots, 1 fût, 6 tonneaux, du matériel agricole et des provisions qui furent consumés.

M. Piquet estimait son préjudice à 18.000 francs cependant que, de son côté, le propriétaire évaluait le sien à 120.000 francs.

Nouvelle enquête, naturellement, qui permit cette fois de recueillir les aveux de Drieu. Le jeune ouvrier déclara qu'il avait agi par vengeance à l'égard de son patron, ce dernier lui ayant reproché la veille d'avoir bu du poiré.

Le même jour, Drieu reconnaissait également qu'il était l'auteur de l'incendie des hangars de M. Lazard. Il expliqua ce crime par le ressentiment qu'il avait gardé d'une observation faite par le chef de culture sur la façon dont il s'acquittait de son travail.

Quelles qu'aient pu être ces observations, insignifiantes assurent les employeurs, elles n'appelaient nullement aussi graves vengeances. Pour son excuse, l'incendiaire déclare qu'il avait agi sous l'empire de l'alcool.

Effectivement, Drieu buvait. L'information l'a établi. Le 28 novembre, particulièrement, il avait consommé une assez grande quantité de poiré. Des témoignages recueillis, il résulte cependant que ni le 16 octobre ni le 23 novembre, l'intéressé ne se trouvait ivre au point de perdre le contrôle de ses actes.

Du point de vue mental, l'expert a conclu que Drieu n'était pas en état de démence au moment des faits mais qu'il avait perpétré ses crimes sous l'empire de l'excitation alcoolique.

L'inculpé n'avait jamais été condamné.

■   L'audience

N'était 1'acte d'accusation lu par M. Pierre, on douterait volontiers que l'inculpé fut un ouvrier agricole ; Auguste Drieu s'apparente plutôt a l'employé de bureau, au jeune rond-de-cuir qui, frais émoulu de l'école primaire, s'est glissé derrière le bureau de quelque maison de commerce ou quelque administration pour y occuper un poste subalterne. On jurerait que ses mains, ses mains que dans le box il tient ptrpétuellement croisées dans l'humble attitude de l'écolier subissant une sermon, n'ont jamais manié un outil agricole. Le col de sa chemise est propre et le nœud de sa jolie cravate bâti avec un art tout citadin. Bien peigné, son visage de 17 ans, pas désagréable bien que le bas en soit un peu trop accusé, donnerait carrément l'impression de ne s'être jamais courbé sur les rudes labeurs de la ferme si le blouson de cuir qu'il abore à l'audience ne se trouvait là pour rappeler l'origine ouvrière, sinon rurale de l'intéressé.

Dix-sept ans, Auguste Drieu les porte à peine. Il est de ces adolescenta dont on dit que le bon Dieu leur serait facilement donné sans confession. Un enfant de chœur murmure-t-on à côté de nous. Oui, mais un enfant de chœur offrant une duplicité peu commune à cet âge. Quoique excessivement jeune, le masque de cet Incendiaire est faux: l'hypocrisie s'abrite généreusement sous ces arcades sourcillières où s'enfonce une paire d'yeux plus souvent fixés sur la boiserie semi-circulaire précédant les juges que sur le regard aigu du magistrat interrogateur, M. le conseiller Zaeppfel. Les questions de ce dernier sont directes, terriblement gênantes, et l'accusé y répond laborieusement, timidement, ouvrant à peine les lèvres pour s'exprimer. Plusieurs fols, l'avocat, Mte Bougerie de Honfleur, sera son porte-parole, le président n'ayant pas entendu, et pour cause.

M le conseiller Zaeppfel: Mais répondez-mol, voyons, parlez, que je vous entende.

Invite inutile. Drieu paraît sourd et muet. L'incendiaire s'est retranché au cours de l'information et se retranche toujours dans la salle d'Asslses derrière le poiré, pour lequel il garde un faible.

Chaque fols qu'il craquait clandestinement l'allumette. Auguste Drieu se trouvait en état d'ébriété, paraît-il. Ivresse passagère, au surplus, et que la vue des flammes dévorant d'immenses hangars avaient le don de dissiper immédiatement, selon les propres déclarations de l'accusé.

L'excuse est défectueuse. Au regard même d'une loi récente, cette ivresse sur laquelle le criminel appuie toute sa défense, constitue une circonstance aggravante, et M. le Président ne tarde pas a le préciser à Drieu. Mieux vaut laisser le poiré tranquille ; cette boisson pourrait se montrer ici beaucoup plus dangereuse qu'à la cave.

Des témoignages qui apportent peu de précisions nouvelles sur les faits, retenons celui du malheureux père de l'accusé disant qu'il n'a jamais pu comprendre le caractère d'Auguste dit-il en soupirantavec un geate las. Lorsque je le reprenais, autant eut valu parler a des tables.

Le pauvre homme, très honorablement connu à Ablon, ne peut dissimuler plus longtemps ses pleurs, auxquels répondent bientôt les larmes du fils. Pour la première fois, celui-ci sort de sa réserve et donne libre cours à ses sanglots.

- J'espère que ces larmes sont la preuve de votre repentir sincère, déclare a l'accusé M. le conseiller Zaeppfel.

M l'avocat général Thépaut prononce un réquisitoire remarquable. Le point capital est d'établir si l'accusé a agi avec discernement. Dans l'affirmative, c'est juger non plus un mineur mais un majeur passible des travaux forcés à perpétuité dans la négative, Drieu, estimé irresponsable, serait remis à une maison 'd'éducation.

Le Ministère Public ne croit pas que cette dernière solution soit efficace et réclame la condamnation de l'inculpé.

Mte Bouverie s'élève véhémentement contre cette conclusion pour lui, Drieu n'est qu'un gosse qu'il faut oonfler à un patronage, seul milieu où l'amendement sera possible.

■   Le verdict

Apres délibération, les jurés reviennent avec une réponse affirmative quant à la responsabilité de l'accusé.

En conséquence, Drieu est condamné à 5 ans de prison et 5 années d'interdiction de séjour.

L'OUEST-ÉCLAIR - 25 avril 1941

⌘ Presse passée

La presse du passé est passionnante !

Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.

La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.

Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.

La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.

Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !

Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.

Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !