Montreuil, 07 mai - Un combat a été livré, la nuit dernière, à Montreuil-sous-Bois, sur les terrains de la zone militaire où sont installées des cabanes de chiffonniers et où campent des voitures de romanichels.
Plusieurs nomades, hommes et femmes, qui s'étaient attardés dans un bal musette, regagnaient leur campement quand, sentier des Poiriers, leur passage fut marqué par les aboiements furieux et prolongés des chiens.Michel Suiving Des romanichels sortirent de leurs roulottes pour voir oe qui se passait. Quand ils aperçurent le groupe d'individus, ils les insultèrent. Des mots aigres-doux, on en vint rapidement aux coups. M. Gaétan Leleu, âgé de 35 ans, emballeur, reçut des coups de poing et des coups de matraque. Les personnes qui l'accompagnaient voulurent le venger. Des coups de revolver furent tirés ; les adversaires répondirent par des coups de fusil.
Attirés par les détonations, les agents Herchnetz et Goûtant tentèrent de rétablir l'ordre. L'agent Herchnetz essuya un coup de feu. Il menaça alors les individus dé son revolver, et il parvint ainsi à arrêter le nommé Michel Suiving, âgé de 20 ans, demeurant sentier des Poiriers, à Montreuil, lequel avait tiré plusieurs coups de fusil. Deux autres agresseurs, qui ont disparu, sont recherchés.
Au cours de la fusillade, il y eut plusieurs blessés, notamment Mmes Jeanine Péstiaux, âgée de 36 ans, Louise Leleu, 30 ans, et MM. Albert Sommurat, chiffonnier, 35 ans, et Étienne Soupault. chaudronnier, 19 ans.
Michel Suiving a été longuement interrogé, hier, par M. Gourdel, commissaire de police, qui l'a envoyé au Dépôt.
LE PETIT JOURNAL - 11 mai 1911⌘ Presse ancienne
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !