La population est dans les champs. Intriguée par les allées et venues des bicyclistes et les signes qu'ils font en agitant les affiches, elle quitte ses travaux et accourt principalement au hameau de La Paillette, où est la mairie. Les habitants lisent et sont consternés. Les femmes pleurent. Les enfants comprennent et cessent de jouer.
Un terrible concert de malédictions s'élève contre les auteurs de la guerre, que l'on devine sans peine inévitable. Le diapason des conversations se hausse. Chacun exhale sa haine farouche de l'Allemagne. Les âmes s'élèvent, les résolutions s'affirment, énergiques. On se battra sans merci. Le ton monte toujours, l'excitation est extrême dans la soirée. Un mobilisé a déjà revêtu ses habits militaires, et la population, si abattue quelques heures auparavant, vibre admirablement. L'on devine que l'humeur belliqueuse de nos ancêtres revit tout entière : c'est avec enthousiasme que l'on partira.
Les vétérans de 1870 ne sont pas les moins ardents. Ils se mêlent aux jeunes, regrettent d'être si âgés et de ne pouvoir mettre leurs bras au service de la patrie.
Journée inoubliable.