Un veuf qui avait une fille jeune encore, se remaria et eut une autre fille de son second mariage. La marâtre n'aimait pas sa belle-fille et ne lui donnait que peu à manger. Camilletta était le nom de la pauvre petite qui était chargée par sa marâtre de porter le dîner à son père travaillant à la campagne.
Un veuf qui avait une fille jeune encore, se remaria et eut une autre fille de son second mariage. La marâtre n'aimait pas sa belle-fille et ne lui donnait que peu à manger.
Camilletta était le nom de la pauvre petite qui était chargée par sa marâtre de porter le dîner à son père travaillant à la campagne. Un jour, le père s'aperçut que la pauvre Camilletta était maigre et affamée, et il lui en demanda la raison. Il apprit ainsi que la marâtre était méchante pour elle et il se mit à chercher le moyen de la faire sortir de cette situation difficile. Or, Camilleta, un jour, ne put résister à la faim qui la torturait; elle prit un morceau de viande et se mit à le faire cuire dans la casserole. La marâtre furieuse poussa l'enfant dans une armoire et l'y enferma. Camilletta mourut étouffée!
Lorsque, ce soir là, le père revint de son travail, il demanda où était Camilletta !
— Je n'en sais rien, dit la femme, je l'ai envoyée vous porter votre dîner.
Après cela, elle prit secrètement le corps de l'enfant, le dépeça, le fit cuire, et en envoya un morceau au père qui le mangea le lendemain à son repas, pensant que c'était de la viande. Son repas terminé, il entendit une voix qui disait:
Ma maïrastra pica pasta,
M'a buiia, m'a roustia,
M'a mandaïa a r'a. vignetta,
Per ma souare Catarinetta,
Che mon paire m'a mangiaïa à diarna."
Ce qui traduit en français donne:
"Ma marâtre, frappeuse de pâte,
m'a bouillie, m'a rôtie,
m'a envoyé à la vignette,
par ma sœur Catherinette,
que mon père m'a mangée au dîner.
Le père regarda qui pouvait parler ainsi, mais il ne vit qu'un gros oiseau blanc de la grosseur d'un corbeau ou d'un poulet.
Il raconta à sa femme ce qu'il avait entendu, mais elle s'en moqua, et prétendit que la viande avait été achetée chez le boucher pour lui faire fête, de sorte que la pauvre petite ne fut jamais vengée !
Conté par une femme de Menton née aux environs de Vintimille à J-B Andrews - Année 1886