■ Une infamie
Melve, 15 septembre - La commune de Melve, Alpes-de-Haute Provence, vient d'être le témoin d'un acte odieux qu'il faut signaler à la réprobation de tous les Français.
Le maire, un certain Louis Burle, n'a qu'une préoccupation dominante: manger du curé. Ses actes de sectarisme ne se comptent plus. Mais le dernier est d'une si diabolique infamie qu'il inspirera du dégoût même à ceux qui ne partagent pas notre foi.
Le-dit Burle avait volé à M. l'abbé Delomme, curé de la paroisse, la plaque de marbre que celui-ci, dans un geste à la fois si religieux et patriotique, voulait faire apposer dans son église, en l'honneur des morts de la guerre. Il ne veut donc pas s'occuper des morts qui ont versé leur sang pour nous sauver. Mais, tenant l'écharpe municipale avec toutes les facilités qu'elle concède, M. le maire songe aux futurs morts de sa famille.
Louis Burle décide donc de se faire bâtir un grand caveau de famille dans le cimetière. Quel endroit choisira-t-it ? Installera-t-il ses futurs morts et lui-même dans une part de cimetière encore inoccupée ? Je vous le donne en mille.
Même en cette lugubre circonstance. M. le maire n'oublie pas qu'il y a, dans une toute petite maison du village, un prêtre, un très digne prêtre, à la soutane verdie, sa bête noire. Il n'oublie pas non plus qu'il y a quelques années, ce bon prêtre, des larmes plein les yeux et des sanglots plein le cœur, enterrait sa mère qui l'avait donné à Dieu au milieu de ce cimetière sa mère. Voilà l'endroit que choisit M. Burle pour installer son luxueux caveau. Il donne donc ses ordres aux ouvriers. Les coups de pioche résonnent tristement sur la tombe de celle qui eut l'immense gloire d'être la mère d'un prêtre. Un tombereau est là, tout prêt. À pleines pelletées, la terre, les cendres et les ossements y sont jetés.
Puis M. le maire donne l'ordre que le tout soit porté à un kilomètre de là, au bas d'un coteau, sur le bord d'un torrent. Les maçons se mettent à l'œuvre dans le cimetière. Et le joli caveau de M. le maire s'élève maintenant à l'emplacement de la tombe de celle qui fut la mère d'un prêtre, devant laquelle nous devrions tomber à genoux.
N'avais-je pas raison de dire qu'il faut signaler cet acte odieux à la réprobation de tous les Français ?
LA CROIX - 18 septembre 1928
■ Parricide
Melve, 8 juillet - Un cultivateur de Melve, Alpes de Haute-Provence, Pierre G..., âgé de 25 ans, a tué son père à coup de fusil et a enterré le cadavre dans un champ. M.Garcin père, qui était âgé de 58 ans, vivait seul avec son fils dans une propriété distante de cinq cents mètres du viliage où habitait sa fille. C'est celle-ci qui fit découvrir le crime.
Inquiète de n'avoir pas vu son père, elle avisa M. Burle, maire de Melve, qui se rendit à la ferme Garcin où il aperçut, dès son arrivée, des traces suspectes sur le sol. Les ayant suivies, il fut conduit vers un endroit où la terre était retournée ; à côté, se trouvaient une pelle et une pioche.
M. Burle ayant un peu gratté la terre, découvrit le cadavre du père Garcin. La gendarmerie de La Motte-du-Caire arrêtait le coupable peu après. Celui-ci a reconnu son crime.
Pierre-André avait déja été condamné à 25 francs d'amende pour coups et blessures volontaires en mai 1914. Il fut exempté de service militaire pour faiblesse générale, euphémisme pour signifier qu'il était intellectuellement limité.L'ÉCHO - 12 juillet 1928
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !