C'est à 5 heures que le 1° bataillon se dirige vers la canonnade à travers les sous-bois qui existent encore ; il arrive sur le ligne de feu à 13 heures, près de Ville-devant-Chaumont et passe le reste de la journée sous une féroce canonnade. En ligne devant Grémilly, le 5° bataillon est aux prises avec les allemands ; la bataille est féroce. À la nuit, les combats cessant, le 5° se repile d'un kilomètre pour bivouaquer.
2 septembre, le régiment se rassmeble Côte-du-Poivre ; il lui faut traverser une zone de durs combats mêlant cadavres d'hommes et de chevaux, matériel et destructions. Le 3, il cantonne à Mézay.
Ce jour est le baptême du feu de Victorin.
Après un bivouac à Kœur-la-Grande le 5, direction le canon et une marche de 30 km, barda sur le dos ; on croise de files de civils fuyant les combats. Le soir, bivouac au Bois Blandin. Le 7, engagement du 6° bataillon entre Serrancourt et Deuxnouds-devant-Beauzée ; il maintient ses positions malgré un bombardement violent. Les lieutenans Böhler et Drogoul sont blessés ; 133 hommes sont hors de combat. Le 5° bataillon bivouaque sur le Mamalon de Heippes. Le 8, les hommes du 5° bataillon sont engagés au nord de Deuxnouds, cote 294. Les conditions sont difficiles.
Les jours se succèdent entre marches et bivouacs, combats et terrassement, entre tranquillité relative et folies guerrières ; on s'étripe puis on panse ses plaies pour de nouvelles et joyeuses étripailles...
Le 9, le régiment organise les défenses des villages de Serraucourt et Issoncourt. Les positions de Mondrecourt sont bombardées ; 46 hommes hors de combat, dont le commandant. Le soir, on se bat furieuseement, toute la nuit et le matin du 10. On se replie. Un groupe d'arrière-garde aperçoit des képis rouges et brassards Croix-Rouge leur demandant de les attendre. Ruse allemande qui voit échange de tirs violents à moins de 100 mètres. Les 11 et 12, organisations défensives au Nord de Longchamp, Chaumont et Courouvre. On travaille dans le froid, la boue, sous la pluie, sans abri ni linge sec. Le pain est moisi.
12 Septembre, Victoire de la Marne !
On repart vers l'avant. Direction Villers-sur-Meuse. On traverse la Meuse. Le 15, on occupe Hermeuville, en avant-postes. Le 18 et 19 repose à Douaumont, 6° Bataillon, et Watronville pour le 5°. Le 20, on occupe les avant-postes à Ornes. Le 21, bombardement, onze hommes hors de combat.
Le 23, marche de nuit, traversée des Hauts-de-Meuse ; bivouac en forêt de Marcaulieu. Du 25 septembre au 17 octobre, marches multiples en forêt de Marcaulieu, Bois de Paroches, de Fresnes-au-Mont. Le 203° est en réserve et seconde ligne.
Le 29, mission suicide.
Le 203°, en petits groupes, doit marcher en terrain découvert et vue ennemie pour attirer son feu ; 19 hommes hors de combattre. Le 13 octobre, on soutient l'assaut des casernes de Chauvoncourt ; 8 pertes.
La guerre de mouvements est terminée, on passe à la guerre de positions. Pendant les mois à venir, le 203° se transformera en cantonniers et creuseront tranchées, constuiront cagnats et abris, éviteront le feu si possible et ne perdront que 42 hommes.
Un groupe de volontaires part en éclaireurs et prend part à l'assaut des casernes de Chauvoncourt. Le sous-lieutenant Oursin est tué ; douze hommes sont hors de combat.
Le Journal de Marches et des Opérations du 203° étant perdu, nous ne pouvons savoir avec précision si Victorin est de ces hommes. Son dossier précise qu'il est blessé au Croisement de Marcaulieu, lieu que nous n'avons pu localiser précisément dans la forêt.
Évacué sur Bar-le-Duc, il y meurt 2 jours plus tard, à l'Hôpital N° 26.
Il avait 26 ans, 5 mois et 21 jours.