Ligré, 24 janvier - Un drame horrible s'est déroulé hier après-midi à la ferme du Gourbier, commune de Ligré. Un cultivateur nommé Henri Saillour, 44 ans, originaire de Locmélar, Finistère, a mortellement blessé sa femme, née Marie-Anne Abgrall, 45 ans. Il l'a d'abord frappée, à coups de pelle sur la tête, puis l'a achevée à coups de talon de soulier.
Le ménage Saillour était des plus désunis. Pendant la guerre, le mari avait été fait prisonnier. À son retour de captivité. il avait trouvé chez lui deux jumeaux que sa femme avait mis au monde pendant son absence. Il intenta à plusieurs reprises une action en divorce devant le tribunal de Morlaix et, en 1923, il quitta son épouse et la Bretagne pour venir s'installer en Touraine, à Neuillé-le-Lierre.
En 1925, son épouse vint l'y retrouver.
Environ un an après, le ménage s'installait à la ferme du Gourbier où les disputes reprirent de plus belle. Les gendarmes ont appris que le meurtrier s'était livré à des actes immoraux sur sa fillette âgée de 13 ans et on suppose que ces faits constituaient souvent des motifs de querelles familiales.
Interrogé à ce sujet, le misérable a fait des aveux complets. Il ne manifeste aucun regret du meurtre de sa femme.
LE MATIN - 25 janvier 1927⌘ Presse ancienne
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !