Ce vice importé dans l'île par des compatriotes qui, généralement, l'avait contracté aux colonies, est bien vite devenu à la mode dans les villages. Voyons, est-ce qu'un homme chic peut boire un verre de vin corse au café ? Tandis, qu'un Pernod, voilà qui est bien porté; d'abord ça,coûte beaucoup plus cher !.
C'est ainsi que le mal fait tous les jours un peu plus de progrès. C'est pour cela que le nombre des enfants qui meurent avant la vingtième année devient de plus en plus grand. C'est encore à l'absinthe qu'il faut attribuer en partie la recrudescence des crimes qui font à la Corse une si malheureuse réputation.
Il est, en eflet, prouvé par la science que l'homme qui use habituellement de l'absinthe devient irritable à l'excès, et qu'il conserve cet état nerveux même en dehors des heures où il est sous l'influence directe du poison.
Ainsi peut s'expliquer la plupart des drames, où souvent une taquinerie banale se paye de la vie d'un homme. Mais il' y a une autre raison pour que les Corses abandonnent l'usage de l'absinthe. A l'heure où, de tous côtés, se dressent, des énergies décidées à forcer le relèvement économique et politique de l'île, il faut des hommes sains d'esprit, possédant leur libre arbitre. Des alcooliques ne peuvent posséder ces qualités.
L'homme qui boit est toujours à la merci du premier venu: 1° parce que l'alcool affaiblit ses facultés mentales au point d'en faire souvent un parfait idiot ; 2° parce que, pour satisfaire son vice, il est prêt à toutes les concessions
C'est ce que savent bien les politiciens corses qui, en période électorale, font distribuer le poison dans toutes les buvettes.
Les Américains ont eu raison des Peaux-Rouges parce qu'ils les ont abreuvés de whisky jusqu'à ce que ces sauvages eurent perdu la force de se défendre contre leurs conquérants.
Grâce à l'absinthe, qui est devenue la boisson préférée des Corses, des distillateurs millionnaires, profitant de la complicité des politiciens, sont en train de châtrer les Corses.
Camarades, il est grand temps de jeter le cri d'alarme et d'entrer en action contre l'alcoolisme dont les ravages sont si profonds qu'il nous faudra des siècles pour les réparer.Maurice FOURNIÉ-MUSELLI. - Journal 'AVANTI' - 13 septembre 1913
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !