■ Les fêtes du couronnement de la Vierge de Font-Romeu
Font-Romeu, 3 août - C'est aujourd'hui mercredi qu'ont lieu, à Font-Romeu, les fêtes solennelles du couronnement de la Vierge, que préside Son Éminence le cardinal Dubois, légat du Pape.
De nombreux évêques assistent aux cérémonies splendides qui se déroulent dans le cadre magnifique des Pyrénées, aux côtés du cardinal archevêque de Paris et de Mgr de Carsalade du Pont ce sont N. SS. Cézerac, archevêque d'Albi ; Guitlard, évêque d'Urgel, prince d'Andorre ; Giray, évêque de Cahors ; Izari, archevêque de Bourges ; de Llobet, coadjuteur d'Avignon ; Girbeau, évêque de Nîmes ; Patau, auxiliaire de Perpignan, et le Rme Abbé de Saint-Michel-de-Cuxa.
La grand'messe pontificale a été célébrée, à 10 heures, par Mgr l'archevêque d'Albi, métropolitain. À l'Évangile, Mgr de Carsalade du Pont a adressé un salut de bienvenue au cardinal légat.
L'après-midi, à l'issue des Vêpres, le cardinal Dubois, en mitre et en chape blanche, procède au couronnement de la Vierge de Font-Romeu.
Le soir, à 8 h. 1/2, une grande procession aux flambeaux, avec embrasement, de Font-Romeu termine cette brillante journée.
Jeudi, sur l'initiative de Mgr de Carsalade du Pont, a lieu, à l'occasion des cérémonies de Font-Romeu, une fête littéraire à l'Ermitage. Elle sera présidée par M. Louis Bertrand, de l'Académie Française.
L'origine du pèlerinage de Font-Romeu
Jusqu'ici, pour le grand public, français, le nom de Font-Romeu évoque seulement les sports d'hiver.
Bien peu de personnes, en France, savent qu'à un kilomètre à peine de cette station climatique, à 1.800 mètres d'altitude, se dissimule un ermitage fréquenté par des foules énormes de fidèles accourus de toutes les localités du Roussillon, des deux Cerdagnes, de la Catalogne, de l'enclave de Llivia, de l'Andorre et du Languedoc.
La Vierge noire miraculeuse de l'ermitage de Font-Romeu a des titres de noblesse qui remontent au IX° siècle.
Sur les contreforts du massif du Carlitte, au milieu d'une immense et magnifique forêt de pins aux ramures élevées, se trouve un vieil ermitage dont l'histoire est merveilleuse.
Au IX° siècle, les Maures, venant d'Afrique et d'Espagne, envahissaient les régions pyrénéennes. Les populations profondément catholiques, obligées de fuir, cachaient leurs Madones et les objets du culte chrétien. C'est une de ces Madones qui fut retrouvée.
Un troupeau de gros bétail d'Odeillo, dit M. l'abbé Emile Roux), était en dépaissance sous la garde d'un bouvier, comme c'est la coutume aujourd'hui, dans les vacants de La Calme. Or, il arriva qu'un taureau s'esquivait fréquemment du reste du troupeau et se rendait auprès d'une fontaine, creusait avec feu le sol et poussait des beuglements extraordinaires.
Poussé à bout, le bouvier allait un jour déchaîner contre lui sa fureur et ses coups, lorsque, au sentiment de colère qui l'animait, succéda soudain dans son cœur je ne sais quelle douceur et quelle allégresse.
Cette révolution intime, si inopinément accomplie, lui suggère d'autres pensées. Il se recueille, il observe la scène qu'il a sous les yeux il examine et il découvre enfin, près de la fontaine, dans une cavité à peine entr'ouverte, la sainte image que le taureau lui avait tant de fois signalée.
Transporté de joie et sans se préoccuper de son troupeau, il vole vers la paroisse d'Odeillo. Il annonce sa précieuse découverte. Les fidèles d'Odeillo se rendent en procession et trouvent près de la fontaine, prosternés devant la statue de Notre-Dame, le taureau dont la Providence s'était servie pour signaler son existence et le bouvier qui l'avait rendue aux hommages des cœurs chrétiens.
Bientôt un oratoire s'éleva en ce lieu en l'Honneur de la nouvelle Madone : les populations des deux versants des Pyrénées, depuis Barcelone jusqu'à Toulouse, y vinrent nombreuses en pèlerinage, et comme une source miraculeuse coulait au lieu même où la statue avait été découverte, l'oratoire fut appelé Chapelle de Notre-Dame de Font-Romeu. Font, mot latin qui veut dire fontaine ; Romeu, prononcez à la romaine Romeou, signifie pèlerin ou Fontaine du pèlerin.
Telle est l'origine de Font-Romeu. Le pèlerinage se développa rapidement. La chapelle dut être agrandie ses murs disparaissent maintenant sous des ex-voto.
Pour recevoir les dévots pèlerins dont le nombre grandissait tous les ans, des constructions s'élevèrent, massives et trapues, car elles devaient résister aux rigueurs de l'hiver, particulièrement dur à l'altitude de 1 800 mètres. Elles furent un abri pour les pèlerins qui n'y pouvaient séjourner tout d'abord que quelques jours. Plus tard, une hôtellerie fut créée.
La Vierge noire de Font-Romeu, dite Madone de l'Invention, a sur son genou gauche l'Enfant Jésus qui bénit de la main droite et soutient de la main gauche un livre fermé.
La Vierge et le Bambino ont été peints, comme on le faisait au Moyen-Âge, avec des couleurs qui, avec les années, prennent une teinte noire très prononcée.
LA CROIX - 5 août 1926
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