Brunehamel et la région qui l'entoure, fut le cadre de croyances et superstitions permettant de se rassurer ou expliquer un monde que l'on ne comprenait pas toujours très bien - et il en est de même actuellement pour bien des faits.
Si vous empruntez le chemin menant de Brunehamel à Rozoy-sur-Serre, vous roulerez sur une route construite par le Diable. L'entrepreneur chargé de cette mission, un peu débordé, demanda l'aide satanique pour terminer ses travaux à temps. Satan vint l'aider si puissamment que les travaux avançèrent rapidement, surtout la nuit d'ailleurs.
Le Diable est un être consciencieux et respecte toujours ses marchés et contrats ; bien des gens devraient d'ailleurs le prendre pour modèle car il est démon scrupuleux sur ses engagements.
Notre Diable, donc, bossait dur et suait fortement dans son temporaire emploi de terrassier. Un gars de Brunehamel, après une soirée arrosée au café, affirma même, encore titubant de cette diabolique frousse l'ayant soudain saisi, qu'il avait vu le Diable travailler la nuit à la construction de cette route. Il portait une hotte gigantesque sur le dos et y transportait des masses de terre et de pierres qu'il chargeait à grands coups de pelle, plus énorme que les plus grosses pelleteuses de notre modernité. La route fut achevée en quelques jours.
Bien sûr, incrédules vous ne croirez pas ce dit ni ces faits. Pourtant la preuve est toujours présente et vous remarquerez une masse de terre sur le bord de la chaussée qui mène de Brunehamel à Rozoy-sur-Serre.
Cette motte est la dernière charge du Diable.
Le travail terminé, souhaitant peaufiner, Satan se chargea une dernière hotte mais la courroie se brisa net, faisant tomber la charge dont vous voyez la motte actuellement.
Le jour pointant, notre bon et laborieux Diable dut quitter le chantier pour n'y plus revenir. Il avait pris contrat dans quelque région du centre de l'Europe et devait y construire une route au cœur de terribles montagnes ; il est dit qu'il œuvra dans les Carpates, au grand plaisir des habitants.