Le crime au château de Boursault
Boursault, 14 avril - La brigade mobile, sous la direction du parquet d'Épernay, a commencé hier ses recherches au sujet du drame de Boursault.
On se rappelle cette affaire : le 19 mars dernier, Eugène-André Rifaut, homme de confiance de M. et Mme Berry, propriétaires du château de Boursault, après avoir fait une visite à sa mère à Damery, revenait vers la demeure de ses maîtres, quand il disparut.
Ne retrouvant pas sa trace, son beau-frère, M. Menthe, se décida à consulter Mme Camille, la voyante de Nancy, dont les indications firent, prétend-on, découvrir le cadavre de M. Cadiou ; elle affirma que Rifaut avait été assommé et jeté à l'eau, mais que le corps surnagerait bientôt ; une autre dame extra-lucide de la même ville, consultée, se prononça également dans le même sens.
Mme Camille et sa consœur semblent avoir vu juste. Le corps vient d'être, en effet, repéché en Marne, à 40 kilomètres de Boursault, à Jaulgonne, département de l'Aisne, et l'autopsie a fourni les constatations suivantes : contusions violentes à la partie postérieure, de la tête ; bosse sanguine ; pas de trace d'eau ou de sable dans les poumons ou l'estomac, ce qui démontre que le malheureux était mort au moment, où on l'immergea.
On ne sait pas encore le mobile du crime : vengeance ou vol ?
LA LANTERNE - 15 avril 1914
Confidences
Boursault, 15 avril - Les obsèques de M. Rifaut, le concierge mystérieusement assassiné du château de Boursault, ont eu lieu avant-hier, au milieu d'une affluence considérable.
Dans la soirée, le juge d'instruction a entendu le frère du défunt qui a signalé au magistrat des confidences que lui avait faites son frère et qu'il a rapprochées de certaines circonstances du drame pour affirmer plus énergiquement que jamais sa conviction d'un crime prémédité et d'une vengeance calculée. À la suite de ce témoignage, le parquet a ordonné une discrète information au sujet d'un ancien employé du château qui aurait jadis proposé à M. Rifaut une action indélicate et qui aurait été chassé sur le refus indigné du concierge de s'associer à son projet.
Les magistrats se sont rendus dans la commune de Boursault pour entendre un certain nombre de témoins, parmi la domesticité du château.
LA LANTERNE - 16 avril 1914
Au sujet de l'assassinat du régisseur du château de Boursault
Boursault, 17 avril - Au sujet de l'assassinat du régisseur Riffaut, du château de Boursault, on en revient à l'hypothèse de l'assassinat par un chemineau. Les magistrats auraient été prévenus qu'un rôdeur, répondant au signalement de celui qui fut aperçu à Boursault le 19 mars, a été retrouvé à la Villa d'Ay.
LA LANTERNE - 18 avril 1914
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !