■ Renversé par un bicycliste
Beuil, 7 août - Le Petit Marseillais publie un document qui vaut son pesant d'acide phénique. C'est un arrêté du maire de la commune de Beuil, petite localité de 560 habitants dans le département des Alpes-Maritimes que nos lecteurs savourerons.
- Le maire de la commune de Beuil, de concert avec son conseil municipal, avise le public que toute personne étrangère ou NON (sic) ait à se retirer à la campagne, avec ses parents ou dans un endroit isolé, qu'elle n'ait aucune communication avec le public pendant huit jours, à partir de son arrivée.
Contravention sera dressée contre tout individu qui enfeindra les ordres mentionnés dans le présent avis.
Nota: Toute personne inconnue dans le pays, de passage à Beuil, devra passer sans séjourner.
Fait à Beuil, le 20 juillet 1884
Le maire, GARNIER
Après celle-la, il faut tirer l'échelle, n'est-ce pas ?
Pourvu, mon Dieu, que l'avenir ne nous réserva pas quelques oukazes encore plus abracadabrants !
LA LANTERNE - 9 août 1884
Cet arrêté peut sembler surprenant au permier abord. Il faut le replacer dans les peurs liées aux épidémies de choléra des années 1830-1835 qui frappèrent durement la Provence.
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !