■ >Le maire volait les portefeuilles
Beaulieu-sur-Mer, 14 janvier - Albert Dubarry, le voleur de portefeuille bien connu de nos lecteurs, était depuis le mois de mai 1925 conseiller municipal et maire de Beaulieu-sur-Mer. Il s'était fait élire en échange de promesses qu'il n'a jamais tenues, ce qui a fini par provoquer d'orageux incidents. Dubarrv a dû démissionner, et dix conseillers municipaux, après lui avoir adressé un blâme, lui ont envoyé une lettre ouverte où ils exposent leurs griefs :
- Alors que vous étiez totalement inconnu à Beaulieu, nous avons consenti à vous accepter comme colistier, parce que vous nous aviez affirmé catégoriquement que vous apportiez à la commune le terrain de la Batterie. Il convient de souligner qu'à cette époque il n'était, pas question de démarches à entreprendre. Vous déclariez avoir dans votre poche et être en mesure de la remettre entre les mains de la commune.
Depuis, dix-huit mois se sont écoulés et la Batterie est toujours propriété de l'État. Sur ce point, votre manquement est donc nettement établit. Il se complique, même de la concession du Casino à la Société d'Expansion de Beaulieu que le conseil municipal a accordée, sur votre demande, ayant foi en vos engagements et croyant que le terrain de la Batterie était définitivement acquis à la commune et, malgré nos regrets, nous sommes obligés de constater qu'il en est ainsi de toutes vos promesses.
Le legs Marinoni, qui est de cinquante mille francs, n'a pas été doublé malgré vos formelles déclarations.
Le Casino municipal n'a jamais existé dans les salons du château Marinoni. Pourquoi avez-vous promis, en précisant que son ouverture aurait lieu au cours de la saison 1925-1926 ?
Telle est la vérité, claire, nette, incontestable.
Nous dédaignons les questions personnelles et n'entrerons point dans le domaine de la vie privée. Les conseillers municipaux de Beaulieu ont bien raison de ne pas vouloir remonter le curriculum vitœ de Dubarry. Que n'y trouveraient-ils pas !
Mais pour d'affaire de Beaulieu, elle paraît assez claire. Dubarry est arrivé à Beaulieu en promettant à la commune un terrain dont il n'était pas propriétaire, mais qu'il donnait déjà comme sien puisqu'il appartenait à l'État qui n'a rien à refuser à cet escroc. Sa promesse lui a servi à obtenir une concession où il n'est sans doute pas sans avoir quelque avantage. Quant au terrain, jamais la commune de Beaulieu n'a pu en prendre possession.
Si les conseillers municipaux de Beaulieu lisaient notre journal, L'Action française, ils sauraient depuis longtemps à quoi s'en tenir sur le compte de Dubarry, et cette mésaventure ne leur serait pas arrivée.
L'ACTION FRANÇAISE - 15 janvier 1927
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !