■ Place Saint Nicolas à Bastia
Mais qu'ont donc tous ces gens ? Ils s'arrêtent, regardent en se mordant les lèvres, puis partent d'un rire fou.
Un ami de Campilo m'explique : C'est vrai, tu ne sais pas, toi, et bien, je vais te dire. Regarde cet homme-là, au bout de la place; ce petit bout d'homme à gros ventre, c'est celui-là qui fait rire.
— Oui, c'est un monsieur qui a passé la plus grande partie de sa vie parmi les forçats à la Guyane. Puis, un jour, libéré, il est revenu ici et, malgré son passé, a réussi un beau mariage. Oh! tu sais, peut-être pas un mariage d'amour, mais il y avait des gros sous.
À partir de ce moment, des gens très bien, qui, avant, ne voulaient pas le connaître, devinrent ses amis. Comme tu le vois aujourd'hui, il est maintenant toujours flanqué de deux ou trois beaux messieurs qui fument ses cigares et pour qui il paie au café. Grâce à son argent et à ses nouvelles relations, il s'est refait une vie; maintenant il est considéré, il est conseiller général.
— Conseiller général ! Qu'est-ce que tu me racontes ! Ne m'as-tu pas dit qu'il revenait du bagne ?
— C'est vrai, j'ai oublié le principal des explications; ce gros paysan était garde-chiourme à la Guyane. C'est Bagnoli, le conseiller général qui vient d'offrir son siège en sacrifice à Trottoir Roulant.
— Ah ! très bien.
AVANTI - Samedi 9 août 1913
Trottoir Roulant est le surnom donné par ses opposants au député Henri Pierangeli, radical de gauche, cinq mandats entre 1906 et 1932.
Accident avec des explosifs
Un ouvrier agricole, originaire de Vaucluse, nommé Crui... Mathieu, âgé de 46 ans, étant occupé à faire du bois de chauffage; voulut fendre un gros tronc d'olivier en pratiquant un trou qu'il remplit de poudre de mine et de bourre de papier. L'explosion fut subite; l'imprudent n'eut pas le temps de se garer et fut atteint par des flammes et des débris de bois qui lui firent de profondes brûlures à la figure et de graves blessures au bras droit.
AVANTI - 13 septembre 1913
Manœuvres militaires au 173° RI
Bastia, 30 août — Après une revue de départ passée sur la place d'armes par le commandant Olivaint, les troupes de la garnison de Bastia sont parties pour les manœuvres. Borgo était désigné pour la première étape; mais comme ce village serait contaminé par la maladie des chevaux, on a choisi Casamozza. Les manœuvres, dirigées par M. le colonel Pelletier de Chambure, seront effectuées exceptionnellement sans artillerie, à cause du nombre de chevaux malades.
AVANTI - 6 septembre 1913
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !