Duel à coups de manche de fouet
Angers, 20 août - Les deux cochers de fiacre qui furent les héros de cette rencontre, avaient, jusqu'à ces jours derniers, entretenu les relations les plus pacifiques. Malheureusement, comme dans la fable, une poule survint, sous l'aspect d'une fort accorte blanchisseuse.
Et aussitôt les deux hommes se jalousèrent ; d'aigres propos furent échangés.
Cette rivalité leur inspira une solution assez moyenâgeuse : ils résolurent de se rencontrer sur le talus des fortifications, non pas le bâton à la main comme les vilains de jadis, mais armés chacun d'un fouet solide dont ils convinrent de s'enrouler la lanière autour du poignet afin de mieux utiliser le manche.
Donc, un de ces derniers soirs, les deux hommes, torses nus, s'administraient une formidable tournée de coups de manche de fouet, lorsque des agents cyclistes, arrivés sans bruit, mirent fin à cette étrange rencontre.
Il était temps ; les deux cochers avaient le visage en sang.
Le plus triste de l'affaire, c'est que la jeune personne en l'honneur de qui les deux automédons se sont rossés a nettement déclaré qu'elle ne donnerait jamais son cœur à un homme qui manie si habilement un manche de fouet.
LE PETIT JOURNAL ILLUSTRÉ - 22 août 1910
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !