Amiens

Anecdote locale
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■ Us et coutumes d'Amiens

La loi est la même pour tout le monde ! affirme le dicton ; seule son application diffère ! rajoutent les sceptiques.

Autrefois, les lois étaient souvent régies par les us et coutumes locales. Amiens, en ce bon XV° et XVI° siècle, était ville ayant droit de police, ainsi que droit de haute et basse justice sur sa population. Bien des règles sont prévues, dont la rémunération du bourreau bien sûr !



Amiens

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  • FrançaisAmiens
  • Ch'picardAnmien
    ( Picard )
  • Population134 400 hab.
    Gentilé
  • Superficie49,46 km²
  • Densité2717.35 hab./km²
  • Latitude49° 54 '0" N°
    Longitude2° 18 '60" E°
  • Latitude49.900002°
    Longitude2.300000°


⌘ Nos us et coutumes

La loi est la même pour tout le monde ! affirme le dicton.
Seule son application diffère ! rajoutent les sceptiques.

Autrefois, les lois étaient souvent régies par les us et coutumes locaux. Amiens, en ce bon XV° et XVI° siècle, était ville ayant droit de police, ainsi que droit de haute et basse justice sur sa population.

Certaines peines peuvent nous sembler saugrenues, terribles et cruelles, ou nous faire rire comme celle infligée au Président de l'Élection d'Amiens - en termes actuels, un peu notre Directeur Régional des Finances Publiques qui, trouvé au lit avec sa servante jeune mariée, fut condamné à avoir la barbe coupée en public, à donner un cierge d'une livre à plusieurs églises - dont celle de sa paroisse, et à faire amende honorable et publique en s'excusant de son péché, ceci en cette bonne ville d'Amiens.

La justice communale a besoin d'une personne qualifiée. Certains noms nous sont parvenus, dont celui des bourreaux. N'oublions pas que la République Française entretint un bourreau et ses aides, jusqu'en 1981, date de suppression de la peine de mort.

TQuelques bourreaux

  • Jehan de Froicapelle
    Bourreau en 1401, il se fait aider par un certain William de Nœux.
  • Jacques Ernoul
    Désigné en 1410, il a aussi charge d'ordre public. Le 2 août 1413, il lui est ordonné d'attraper les pourceaux errant dans la ville et d'infliger une amende à leur propriétaire. La troisième fois que les pourceaux seront trouvés à errer, il lui est devoir de les tuer. Il est d'ailleurs payé de 8 deniers parisis à chaque pourceau tué. Les pourceaux trouvés à errer dans les fossés peuvent être tués par tout un chacun.
  • Jehan de Montreuil
    Bourreau, Il est nommé Sergent et officier de haute-justice en 1421. il est payé 20 sols pour pendre un lanternier qui s'était suicidé en se tranchant la gorge.

TLa rémunération du bourreau

Tout travail mérite salaire, fut-il travail de bourreau. Les bourreaux d'Amiens sont payés à l'acte et en fonction de la difficulté du travail. Fonctionnaire bon à tout faire, il lui est demandé - moyennant salaire, de faire des travaux autres que celui de bourreau. À titre d'exemple, il est de sa charge de ranger les ladres - les lépreux qui, le jour de la Toussaint, se rangent dans la rue Saint-Denis. Il est payé 20 sols pour ce travail.

Une rémunération et tâche surprenantes sont allouées au bourreau. Le 15 octobre 1464, la direction des Filles de Joie lui est confiée. Le sergent de ville, Jehan Maistrele, dit Sourdas, et suite à sa demande, se voit chargé de faire demeurer les filles publiques fréquentant la rue du Bourdeau - rue du Bordel, aussi connue sous le nom de rue des Filles, dans leur rue et ne pas la quitter le soir. Avant cet arrêté municipal, les prostituées allaient coucher en demeures extérieures, provoquant esclandres et tapages dans les quartiers concernés.

TQuelques peines

  • Frapper avec la main
    Tout individu qui férit un autre sera puni d'une amende de 20 sols, dont 17 sols et 11 deniers pour la ville.
  • Férir avec la main et abattre par terre
    Frapper un individu et le faire tomber au sol est puni d'une amende de 60 sols, dont 48 sols et 9 deniers pour la ville.
  • Sacquier coustel ou épée
    Sortir un couteau ou une épée est puni d'une amende de 6 livres dont 4 livres et 17 sols pour la ville d'Amiens.
  • Férir de la main garnie
    Frapper quelqu'un avec un objet dans la main est puni d'une amende de 9 livres, dont 7 livres et 6 sols pour la ville.
  • Tentative de viol
    La tentative de viol est condamnée à 20 sols d'amende.

TQuelques condamnations

Les registres de la ville d'Amiens nous ont rapporté quelques condamnations que nous vous laissons donc découvrir.

  • Condamnation du Président de l'Élection d'Amiens
    10 avril 1510 - Le Président de l'Élection d'Amiens, retrouvé au lit avec sa servante, jeune mariée, est condamné à faire le sacrifice de sa barbe. Il fera aussi amende honorable en donnant un cierge de une livre à l'Hôtel-de-Ville, un du même poids à l'église Saint-Rémy, sa paroisse, et un autre à l'église des Saintes Claires. Il y fera station publique en avouant sa faute.
  • Condamnation de tuiles
    En date du 27 août 1435, des tuiles sont condamnées à être exposées devant le pilori pour mauvaise qualité.
  • Condamnation de Jeanne Carbonnel
    Le 12 janvier 1442, Jeanne Carbonnel est condamnée à être enfouie toute vive. Jacques Ernoul, sergent de haute-justice d'Amiens, sera payé 12 sols ; à savoir 10 sol de salaire pour avoir enfoui toute vive Jeanne Carbonnel pour ses démérites, et 2 sols pour ses gants, ses cordes et habillement adaptés.
  • Condamnation de Jacques Sauvage
    Le 27 avril 1458, les échevins rejettent la demande de grâce de Jacques Sauvage, vigneron. L'individu, soumis à la question, a avoué avoir volé des outils et fourches à travailler les vignes. Il a aussi volé des paillages dans un jardin ainsi que des pallis. Pour ces vols, il sera pendu et mis à mort au gibet de la ville d'Amiens.
  • Condamnation de Coppin Odeguerre
    En 1459, pour une tentative de viol sur une jeune femme demeurant en l'Hôtel de Gouy et avoir voulu la déhonorer en la connaissant charnellement, Coppin Odeguerre est condamné à 20 sols d'amende.
  • Condamnation d'un simulateur
    Toujours en 1459, Maitre Pierre Filard, bourreau, est payé 10 sols. Il a, suite à condamnation et à tous les carrefours de la ville, battu de verges un jeune homme qui se contrefaisait gravement malade et jouait à l'infirme par les rues de la bonne ville d'Amiens.
  • Condamnation de deux pourceaux
    Mai 1463 voit Pierre Phelippart, bourreau de la ville d'Amiens, payé 16 sols de salaire pour avoir enterré deux pourceaux condamnés à mort pour avoir déchiré et dépecé à mort un enfant des faubourgs d'Amiens.
  • Condamnation de Jehan Lefevre
    Le 9 avril 1466, considérant que Jehan Lefèvre, déja condamné et ayant eu l'oreille coupée lors d'un jugement précédent, était revenu en larçins bien qu'ayant 14 sols en poche et donc n'étant pas en disette, et que le même Jehan Lefevre réalisa son larçin le jour du Vendredi Saint, jour où notre Seigneur mourut pour le genre humain, était âgé de 54 ans, ont délibéré qu'il sera pendu et étranglé en la ville, jusqu'à ce que mort s'ensuive.
  • Condamnation de Simon Briois
    Le 3 août 1470, Simon Briois, paveur, est surpris à honorer une jument dans l'écurie de chez Robert, marchand de pots de terre en la paroisse de Haute-Épine. Il est condamné à être brûlé vif - ainsi que la jument, pour crime de bestialité. Toute mémoire de l'individu doit être bannie. Le bourreau fut rémunéré 4 livres pour ce travail. Le marchand de bois reçut 33 sols pour les fagots et le bois. de 4000 à 5000 amiénois vinrent assister au spectacle. Quant à Robert, il fut indemnisé de 62 sols pour sa jument.

TOn gueuletonne aussi

Les exécutions à la peine capitale sont régulièrement suivies d'un gueuleton, sans doute à la santé du condamné. Les archives de la ville d'Amiens fournissent quelques documents à ce sujet, dont une note payée à Jehan le Boucher le 17 janvier 1442.

Le 12 janvier 1442, Jehan le Boucher livrait du pain, de la viande et autres mets pour le maire, les échevins, les procureurs, les conseillers et sergents de la ville et furent déposés à l'œurieul des clocquiers pour un dîner clôturant l'exécution de Jeanne Carbonnel citée plus haut.

Le 4 août 1470, les mêmes font bombance après l'exécution de Simon Briois et dépensent 4 livres en frais de table. Le repas se déroule chez Jehan le Barbier, en la bonne ville d'Amiens.