Crime à Affoux
Affoux, 20 septembre - La commune d'Affoux, canton de Tarare, a été ensanglantée, au commencement de cette semaine, par un meurtre commis avec le plus grand sang-froid. Une bourse avait été volée dans une maison de ce village et la justice n'avait pu découvrir l'auteur du crime. Un propriétaire, M. Morlon, raconta avoir entendu son voisin, le nommé X..., railler l'impuissance des magistrats et se vanter d'avoir dérobé celle bourse.
Arrêté et interrogé par le procureur impérial, ce dernier nia énergiquement avoir tenu ce propos ; faute d'autres preuves contre lui, il fut relâché.
Lundi dernier, partant pour la chasse, il annonça en brandissant son fusil, qu'il avait trois pièces de gibier à tuer, mais que c'étaient des loups et non des lièvres.
Quelques heures après, il rencontra M. Morlon dans le village et lui demanda : Rediriez-vous encore que c'est moi qui ai pris la bourse ?
- Certainement, répondit son voisin, puisque je vous l'ai entendu dire à vous-meme.
Il avait à peine achevé de prononcer ces paroles, que X... lui tirait à bout portant un coup de fusil, et la balle traversait d'outre en outre le corps de la victime.
J'en ai encore deux à abattre, s'écria l'assassin, et je me f... de la gendarmerie. Je connais mieux qu'elle la montagne et les bois. Là dessus, il partit sans que personne cherchât à l'arrêter.
La force armée est à sa poursuite.
LE TEMPS - 25 septembre 1861
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !