Saint-aubin-de-Scellon

Rue Bric et Brac

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Les sorciers de Saint-Aubin-de-Scellon

Les sorciers et sorcières hantèrent nos aïeux pendant des siècles. Si, à notre époque, nous avons replacé ces pratiques dans un contexte cohérent, il fut un temps où être accusé de sorcellerie menait directement au bûcher, ou presque. Voici l'histoire d'une arrestation de sorciers arrivée à Saint-Aubin-de-Scellon fin novembre 1665. Nous vous laissons la découvrir à travers ces lignes. Les faits furent rapportés par l'abbé Lange, curé de cette paroisse.

Baptême satanique

On arrêta, il y dix jours, deux hommes de Saint-Aubin-de-Scellon accusés de sortilège pour avoir fait mourir quantité de chevaux et autres bêtes. Un d'eux, avant baillé une hostie à un valet de Madame de Saint-Aubin avec un bout de cierge, l'assura, qu'ayant appliqué cette hostie sur la cire, et en ayant frotté ses chevaux, qu'ils en guériraient s'ils estaient malades et, que s'ils n'estaient point malades, ils ne le seraient pas. Ce valet ayant porté cette hostie et la cire à sa maîtresse elle en fût si surprise qu'elle envoya aussitôt appeler le curé, pour savoir ce qu'elle devait faire en cette conjecture. Le curé étant venu et fort surpris jugea que c'était un sorcier, et qu'il en fallait donner avis à la Justice; ce qui a été fait.

Ce qu'ayant esté fait, ledit sorcier et un de ses camarades, buvant dans un cabaret furent pris et trouvés encore saisis de seize hosties d'un bout de cierge, d'une ceinture qui sert à ceindre une aube, d'un morceau de la croix, d'une étole, d'un morceau d'un coporalier, de quelques papiers où il y a des caractères inconnus, et de trois caractères pour les coups de feu, pour le fer, et pour corrompre les filles ou des femmes. Depuis, on a encore pris d'autres de la même cabale.

À la date du 13 septembre 1666, les deux sorciers qui furent pris au mois de novembre, à la paroisse de Saint-Aubin-de-Scellon ont été rompus vifs et jetés au feu pour y être consommés, par arrêt du parlement. De Rouen, ils avaient pris secrètement quantité d'hosties consacrées qu'ils avaient mêlées avec d'autres non-consacrées, ce qu'ils ont confessé.

On a retrouvé ces hosties mais on ne peut pas les discerner. Le curé de Saint-Aubin-de-Scellon, qui les a saisi et gardé ne sait que faire. Il en a informé Monseigneur l'évêque de Lisieux et la Sorbonne qui doivent décider des suites à donner.