En 1491, la population de Cambrai et des environs furent mis en cruel émoi.
Un procès faisait grand bruit dans les bourgs et les villages et tous crurent que le Diable avait pris possession de tout un couvent de filles. Ce procès et faits nous furent rapportés par plusieurs témoins de l'époque, dont un certain Christ Massœus et, entre autre, un certain Del Rio. Ils rapportèrent ces faits épouvantables et hautement terrifiants pour l'époque dans leurs documents parvenus jusqu'à nous.
À partir de 1491 et ce pendant plus de quatre ans, des religieuses de Cambrai furent vexées et travaillées d'une manière horrible par des démons.
Nombreux furent les témoins affirmant qu'ils avaient vu les moinesses, possédées, courir comme des chiennes à travers la campagne, s'élancer en l'air comme des oiseaux, grimper au tronc des arbres comme des chats, se suspendre aux branches, contrefaire les cris des animaux, deviner les choses cachées ou présager l'avenir.
Devant de telles horreurs, et espérant libérer ces pauvres moinesses de leurs tourmenteurs, l'on pratiqua rapidement des exorcismes et fit appel aux spécialistes en la matière. La pratique de ces exorcismes, les traitements variés et raffinés que l'on fit subir aux possédées ne leur procurant aucun soulagement ou libération quelconque, l'on prit le parti d'envoyer leurs noms à Rome, ville où ces noms furent lus tout haut par le pape pendant la célébration de la sainte messe. Malgré ce traitement de choc, le mal ne se lassa pas néanmoins de persister.
Le diable confessa lui-même qu'il avait été introduit dans le couvent par une religieuse nommée Jeanne Pothière, et qu'il avait cohabité avec cette dévote quatre cent trente-quatre fois dans le cloître, et qu'elle n'était âgée que de neuf ans lorsque ce commerce charnel avait commencé. L'on sut aussi que Jeanne Pothière se permettait avec le diable un commerce encore plus honteux.
La cause de cette emprise démoniaque enfin trouvée, le tribunal écclésiastique condamna Jeanne Pothière à la prison ; prison de Cambrai où elle mourut vers sa quarantième année.