Aix-en-Provence

Anecdote locale
aix-en-provence-1
 Aix-en-Provence: Trouvez-les sur un fronton !

Sponsor

aix-en-provence
<Cliquez l'image>

■ La guitare mène au bûcher !

Si de notre époque, jouer de la musique et être inventeur est sans risque - ou presque, il n'en fut pas toujours ainsi. Un certain Alix en fit la douloureuse et mortelle expérience. Alix nous prouve aussi que la justice et ses servants ne sont pas toujours d'une clairvoyance remarquable et parfois sont synonymes d'ignorance, de légèreté et de lourd obscurantisme...



Aix-en-Provence

aix-en-provence


  • FrançaisAix-en-Provence
  • OccitanAis-de-Provença
    ( Occitan )
  • Population143 097 hab.
    GentiléAixois
  • Superficie186,08 km²
  • Densité769.01 hab./km²
  • Latitude43° 32 '47" N°
    Longitude5° 27 '50" E°
  • Latitude43.529843°
    Longitude5.447258°


⌘ Jouer de la guitare peut mener au bûcher !

Si de notre époque, jouer de la musique et être inventeur est sans risque, ou presque, il n'en fut pas toujours ainsi. Un certain Alix en fit la douloureuse et mortelle expérience. Alix nous prouve aussi que la justice et ses servants ne sont pas toujours d'une clairvoyance remarquable et parfois sont synonymes d'ignorance, de légèreté et de lourd obscurantisme...

< Le guitariste d'Aix-en-Provence >

⌘ L'affaire Gaufridy

Marie de Sains était religieuse, ursuline à Aix-en-Provence et partageait le même couvent que Madeleine de Demandolx de la Palud et Louise Capeau; Comme ces deux religieuses, elle fut victime de ce qui deviendra l'affaire des Possessions d'Aix, hystérie collective qui mènera Louis Gaufridy, curé des Accoules, jusqu'au bûcher.

Marie de Sains, comme huit autres ursulines, fut interrogée par les bourreaux de l'Inquisition et du Parlement d'Aix. Brodequins et autres instruments à démantibuler les corps pour mieux dénouer les langues fit son effet et, les douleurs étant trop terribles, Marie de Sains, qualifiée de Princesse de Magie, raconta et s'accusa de tout ce qui plaisait d'entendre aux juges. Voici la teneur de ses accusations:

  • Elle avait donné son corps au Diable, ainsi que son âme
  • Elle avait occis plusieurs petits enfants, les avaient ouverts tous vifs, puis sacrifiés au Diable
  • Elle avait égorgé plusieurs d'entre eux et mangé les cœurs palpitants de plusieurs d'entre eux
  • Elle avait volé et tué plusieurs enfants pour les porter au Sabbat ; souvent elle les étouffait d'abord
  • Elle en avait rôti, noyé, brûlé, bouilli, jeté tous vivants dans les latrines, cuit dans des fours, donné à manger aux loups, aux lions et aux serpents
  • Elle en avait pendu par les pieds, les bras ou le cou
  • Elle en avait mangé tout vifs, ou déchiquetés comme grains de sable
  • Elle en avait brisé les têtes contre des murailles
  • Elle en avait assommé comme des bœufs
  • Elle en avait arraché les entrailles tous vifs
  • Elle en avait écartelé entre gros chiens
  • Elle en avait tenaillé et crucifié
  • Elle avait adoré le Prince des cérémonies, Louis Gaufridy
  • Elle avait chanté des psaumes en l'honneur de Satan
  • Elle avait donné toutes les parties de son corps à Satan, ainsi que son âme, son sang, ses veines et ses nerfs
  • Elle avait désiré l'Enfer comme demeure éternelle, etc...

Didyme, sorcière de Flandres, s'accusera de faits identiques ; à l'exception de citer Gaufridy, inconnu en Flandres.

Il semble, d'après certains auteurs comme Laboureur, bailli du Roi à Dijon, que les geôliers vendaient un analgésique puissant aux suspects avant leur passage à la Question. Ce même Laboureur, en 1585, déconseillait la Question et la considérait comme inutile à cause de cette drogue.

Aix-en-Provence
Ramoneur parisien au XVI°

◎ Le diable s'invite au procès Gaufridy

L'Affaire Louis Gaufridy fit grand bruit en son temps. Le couvent des Ursulines d'Aix était saisi d'une vague de possession - nous parlerions actuellement d'hystérie collective, huit sœurs étaient possédées du Diable. Louis Gaufridy, curé des Accoules, se retrouva embarqué dans l'affaire ; il le paiera de sa vie, sur le bûcher.

La grande chambre des Tournelles accueillait ces Messieurs de la Tournelle qui débattaient du cas Gaufridy, ce vil possédé ayant perverti les bonnes sœurs. Lors d'une de leurs séances, alors qu'un silence pesait lourdement et que Messieurs les Juges, empruntés dans leurs robes et leurs pelisses herminées réfléchissaient à l'horreur de la possession - où au bon repas qui les attendait, une grosse boule noire roula tout à coup au milieu de la pièce, dans un nuage de poussière aussi noire que les poils du Diable.

L'effroi saisit alors ces hommes raisonnables et ils se mirent à fuir en criant de toute leur voix et gesticulant comme des possédés. Seul le rapporteur, empêtré dans sa robe, tomba à genoux ; incapable de fuir, il se mit à prier à forte voix ; suppliant Dieu, ses Saints, ses moins Saints, son curé, le Pape et son évêque et autres religieux de sa connaissance de le sauver de ce Diable qui venait de rouler au milieu de la pièce ; la rumeur rapporte d'ailleurs qu'il en s'oublia sur lui...

La boule noire se leva et s'ébroua alors que les juges se battaient pour sortir par la porte devenue trop étroite. Un jeune ramoneur, travaillant dans la cheminée, s'excusa auprès de ces Messieurs. Déséquilibré, il avait chuté puis roulé dans la pièce...

La séance reprit alors son cours et nos juges, courageux personnages, retrouvèrent cette gravité qui sied à ces gens. Le rapporteur énonça les griefs contre Gaufridy, il fut condamné au bûcher. L'anecdote du petit ramoneur confondu avec le Diable n'eut aucun effet sur leurs hermétiques réflexions et leur obscurantisme.

Des voix comme celle de Molière, La Fontaine, La Bruyère, Fénelon et autres s'élevaient contre cette justice aberrante. Les Parlements provinciaux modulèrent ou annulèrent maints jugements en sorcellerie puis Louis XIV° en 1672 interdit aux tribunaux d'accepter les accusations en sorcellerie. En 1682, une nouvelle ordonnance royale réduisit les crimes en sorcellerie comme simples impiétés ou sacrilèges.